Legends, SABATON
17 octobre 2025 0 Par Chacha
Véritable machine de guerre du metal européen, Sabaton poursuit sa conquête sonore avec Legends, son onzième album studio. Après avoir exploré les champs de bataille du XXᵉ siècle et les récits héroïques de la Première Guerre mondiale, le groupe suédois lève cette fois le voile sur un panthéon plus ancien : celui des figures mythiques qui ont façonné l’Histoire. Chevaliers, conquérants, stratèges et héros oubliés deviennent ici les protagonistes d’une fresque épique où riffs, chœurs et narrations s’entremêlent. Fidèle à son ADN martial et à sa passion pour le passé, Sabaton livre un hommage vibrant à ceux dont la légende a traversé les siècles — avec, toujours, cette grandiloquence qui fait sa marque de fabrique.
L’identité visuelle de Legends s’impose d’emblée comme une déclaration d’intention : une statue antique surgissant des flammes, symbole d’immortalité et de gloire déchue. L’artwork signé Peter Sallai évoque un panthéon de héros figés dans la pierre, prêts à revivre par la musique. Dans les clips, cette dimension mythique prend vie : Templars, tourné dans d’authentiques forteresses médiévales, transforme les musiciens en chevaliers tragiques ; Hordes of Khan libère une énergie brutale, quasi cinématographique. Tout dans cette imagerie respire la grandeur — Sabaton n’illustre pas seulement l’Histoire, il la réincarne.
Inspiré par les grandes figures du passé, le groupe a voulu cette fois franchir les frontières du temps. Après les guerres modernes, Legends se penche sur les mythes vivants : Gengis Khan, Jeanne d’Arc, Napoléon, ou encore Musashi. Joakim Brodén et Pär Sundström expliquent avoir voulu rendre hommage à « ceux dont le nom résonne encore des siècles plus tard ». L’écriture s’est voulue collective : chaque membre a contribué à la composition, offrant une pluralité de tons et d’émotions. Sous la production de Jonas Kjellgren, Sabaton reste fidèle à sa puissance orchestrale, tout en intégrant des nuances plus mélodiques et cinématiques, comme si chaque morceau devait être la bande-son d’un film épique.
Parmi les titres phares, Templars ouvre l’album comme une prière guerrière — guitares en armure, chœurs solennels, souffle héroïque. En l’écoutant, je me sens enveloppée par la ferveur d’un ordre qui s’apprête à tomber. Hordes of Khan fait galoper la batterie et les riffs avec la fureur d’une conquête sans retour ; impossible de ne pas ressentir la course du vent et la poussière des steppes. The Duelist, plus introspectif, respire la tension silencieuse d’un combat d’honneur, tandis que Lightning at the Gates, consacré à Hannibal, s’élève en symphonie de stratégie et de tonnerre. Chaque morceau est une légende qui s’anime, un fragment d’épopée.
En tant qu’auditrice, j’ai l’impression de voyager à travers le temps, de vivre ces histoires plutôt que de les écouter. Les chœurs m’encerclent, les percussions résonnent comme des tambours de guerre, et les mélodies me soulèvent. Legends n’est pas un simple album : c’est une odyssée sonore où la gloire et la chute, le courage et la fatalité se confondent. À la fin, je me sens à la fois conquise et galvanisée, comme si Sabaton avait fait revivre en moi une légende oubliée.
Avec Legends, Sabaton prouve qu’il reste maître dans l’art de transformer l’Histoire en heavy metal triomphal. Sans réinventer totalement sa formule, le groupe affine son équilibre entre puissance, mélodie et narration, offrant un album solide, fédérateur et taillé pour la scène. Ce voyage à travers les âges, porté par la conviction et le savoir-faire du quintette, ravira les fidèles et séduira sans doute les nouveaux venus par son souffle épique. Si les légendes ne meurent jamais, Sabaton semble bien décidé à leur donner une bande-son éternelle.


