Abyss Pt. II, ANNISOKAY

Abyss Pt. II, ANNISOKAY

11 avril 2025 0 Par Chacha

 

Depuis plus de quinze ans, ANNISOKAY s’impose comme l’un des groupes phares de la scène metalcore européenne. Avec Abyss Pt. I, sorti en 2023, les Allemands avaient ouvert une porte vers un univers plus sombre et introspectif. Abyss Pt. II vient aujourd’hui prolonger et enrichir cette vision : six nouveaux titres où s’entrechoquent puissance et mélodie, rage et fragilité, confirmant la capacité du groupe à naviguer entre modernité électronique et brutalité metalcore.

 

Visions de l’abîme : l’identité visuelle d’ANNISOKAY sur Abyss Pt. II

Sur Abyss Pt. II, ANNISOKAY ne se contente pas de jouer avec les sons — le groupe sculpte également une esthétique visuelle cohérente qui renforce les thèmes de l’album : le conflit intérieur, l’ombre, la résilience. La pochette et les clips plongent immédiatement l’auditeur dans un univers froid et contrasté, où les teintes sombres — gris, noir, parfois presque d’un bleu acier — dominent, souvent éclairées par des éclats lumineux ou métalliques. Les visuels des clips (comme Inner Sanctum ou Never Enough) optent pour une narration expressive : des corps isolés, des mouvements hésitants, des éléments architecturaux ou désorientants, parfois minimalistes, qui suggèrent une perte de repères ou une introspection. Le visuel global joue donc la carte de la dualité : obscurité/mélodie, chaos tranquillisé, confrontation avec ses propres abysses. Ainsi, chaque image, chaque plan semble construit pour prolonger le propos musical — pas de gratuité, mais une identité qui enveloppe et intensifie l’écoute.

Entre ombres et lumières : les inspirations derrière Abyss Pt. II

Avec Abyss Pt. II, ANNISOKAY s’inscrit pleinement dans la tradition du metalcore moderne, tout en y injectant ses propres nuances. Les influences du groupe vont des géants du genre — Bring Me The Horizon, Architects ou encore Parkway Drive — à des horizons plus électroniques et atmosphériques, rappelant parfois l’esthétique de Linkin Park dans leurs mélanges de sons lourds et de nappes synthétiques. Cette hybridation permet au groupe de proposer un univers sonore contrasté : riffs massifs et breakdowns puissants côtoient refrains mélodiques portés par des lignes de chant claires, tandis que l’usage de textures électroniques donne une dimension cinématographique et futuriste à l’ensemble. L’inspiration majeure reste cette tension entre rage cathartique et recherche d’émotion brute, reflet d’une volonté de parler à la fois au corps et à l’esprit de l’auditeur.

Le processus d’écriture de Abyss Pt. II s’inscrit dans la continuité de Pt. I mais avec un objectif plus affirmé : approfondir la dualité entre obscurité et lumière. Le groupe a travaillé sur des morceaux conçus comme des paysages sonores, alternant passages introspectifs et explosions libératrices. La production, soignée jusque dans les moindres détails, témoigne d’un souci de clarté et de densité : chaque instrument trouve sa place, chaque contraste est calculé pour maximiser l’impact émotionnel. On sent une écriture collective, pensée pour être à la fois efficace en live et immersive à l’écoute. Cette approche, où l’équilibre prime sur la surenchère, reflète la maturité d’ANNISOKAY et leur volonté de faire de Abyss Pt. II non pas une simple suite, mais une pièce complémentaire qui élargit et densifie leur univers.

Des coups de poing aux respirations : les temps forts d’Abyss Pt. II

L’album déroule une véritable montagne russe émotionnelle où chaque morceau marque une étape du voyage intérieur proposé par ANNISOKAY. Dès l’ouverture avec « Get Your Shit Together », l’auditeur est happé par une intensité brute qui mélange frustration et énergie galvanisante. Plus loin, « Never Enough » joue la carte de l’hymne metalcore, avec un refrain accrocheur qui résonne comme un cri de dépassement de soi. À l’inverse, « Into the Gray » ralentit le tempo et s’impose comme une parenthèse introspective, où la mélodie et la fragilité vocale invitent à la contemplation. Avec « H.A.T.E. », renforcé par la présence d’Any Given Day, le groupe livre un véritable déferlement de colère et de puissance, probablement le moment le plus viscéral de l’EP. Enfin, « Inner Sanctum » clôture le projet sur une note plus atmosphérique et grandiose, laissant l’auditeur partagé entre catharsis et réflexion. Ces temps forts, entre violence libératrice et passages apaisés, construisent un voyage émotionnel complet, fidèle à la promesse du titre : explorer les abysses de l’âme humaine.

 

Sans bouleverser les codes du genre, Abyss Pt. II s’impose comme une suite cohérente et solide, qui consolide l’identité sonore d’ANNISOKAY. L’EP offre des moments percutants, quelques respirations bienvenues, et un équilibre global qui séduira autant les fidèles du groupe que les amateurs de metalcore accessible. Plus qu’une simple “deuxième partie”, Abyss Pt. II témoigne d’un groupe en pleine maîtrise de ses codes, prêt à continuer d’explorer les abysses de son univers musical.