Vae Soli (live Hellfest 2024), MASS HYSTERIA

Vae Soli : l’orage en direct

Capturer l’énergie de Mass Hysteria sur un album live est toujours un pari risqué : comment retranscrire l’intensité d’un groupe dont la force réside autant dans la puissance scénique que dans la communion avec son public ? Avec Vae Soli (Live au Hellfest 2024), le groupe français relève une nouvelle fois le défi. Enregistré sur la Mainstage d’un Hellfest chauffé à blanc, cet album n’est pas un simple témoignage de tournée : c’est une déflagration, un condensé d’émotion brute, une célébration du metal hexagonal dans ce qu’il a de plus viscéral.

Naissance d’un live-symbole : un retour aux racines explosives

Mass Hysteria a toujours entretenu un lien privilégié avec le Hellfest, et Vae Soli en est l’illustration la plus éclatante. Le groupe y trouve un terrain naturel : un espace où sa fusion de metal industriel, d’énergie hardcore et de slogans unificateurs résonne plus fort qu’ailleurs. En choisissant de capturer ce moment précis, le quintette procède presque à une forme d’autoportrait : celui d’un groupe arrivé à maturité, sûr de sa force, conscient de son héritage et résolument tourné vers le partage.

Ce live offre aussi une relecture de titres récents, issus de la période Tenace / Vae Soli, où la dualité colère–résilience domine. Les thèmes chers au groupe — résistance collective, critique sociale, introspection émotionnelle — se trouvent transcendés par la ferveur du public hellfestien, transformant chaque refrain en cri de ralliement.

Des morceaux comme des étendards : quand le live magnifie la discographie

Dès l’ouverture avec “Mass Veritas”, Mass Hysteria impose un ton martial. Les guitares cinglantes et la diction toujours aussi précise de Mouss donnent un relief nouveau à un titre déjà pensé pour la scène. Le public, enregistré avec soin, devient un instrument supplémentaire — une marée humaine qui gronde et répond.

“Positif à bloc”, incontournable depuis des années, irradie encore davantage dans cette version live : accéléré, fiévreux, implacable. Le titre joue son rôle d’exutoire lumineux au milieu d’un set plus sombre, rappelant à quel point l’optimisme chez Mass Hysteria est toujours teinté de rage constructive.

Avec “Chiens de la casse” et “Nerf de bœuf”, on plonge dans un registre plus frontal. La batterie cogne comme un marteau-pilon, les samples industriels s’élargissent, et l’interprétation de Mouss gagne en mordant. Ces morceaux prennent tout leur sens devant des dizaines de milliers de personnes : un défouloir massif et cathartique.

Le diptyque émotionnel arrive avec “Se brûler sûrement” et surtout “L’émotif impérieux”, qui révèle l’un des versants les plus personnels du groupe. Sur scène, ces titres gagnent en intensité : la voix se fissure, les guitares s’élèvent, l’ensemble devient presque solennel.

Plus loin, “L’Enfer des Dieux” frappe comme un uppercut. Son propos acerbe sur les dérives dogmatiques résonne particulièrement dans l’arène du Hellfest, festival affichant fièrement son esprit libre et anticlérical. La version live est plus nerveuse, plus rugueuse, portée par des riffs presque thrashy.

Enfin, “Contraddiction” et “Plus que du Metal” servent de conclusion explosive. Le premier, pilier absolu du groupe, embrase littéralement la foule ; le second clôt l’album comme une profession de foi, condensant trente ans de carrière en un texte direct, fédérateur et sincère — l’ultime message d’un groupe qui n’a jamais cessé de s’adresser à son public comme à une famille.

Un mix à hauteur d’homme : la technicité au service de la sueur

L’un des points forts de Vae Soli réside dans son équilibre sonore. Le mix met en valeur la cohésion du groupe : basse massive, guitares tranchantes sans excès, claviers parfaitement intégrés, batterie organique malgré la puissance. Rien n’écrase la voix, rien ne trahit l’adrénaline du moment. On n’écoute pas un live retouché ; on vit une performance, avec ses respirations, sa tension, ses déferlantes.

Avec Vae Soli, Mass Hysteria signe l’un de ses albums live les plus aboutis. Non seulement le groupe y confirme sa position de pilier du metal français, mais il capture aussi une communion rare entre artistes et public. Ce disque n’est pas qu’un souvenir de festival : c’est un témoignage brûlant, un cri collectif, une preuve éclatante que Mass Hysteria reste — plus que jamais — plus que du metal.