The Only Heaven You’ll Know, CASKETS

The Only Heaven You’ll Know, CASKETS

7 novembre 2025 0 Par Chacha

 

Depuis quelques années, CASKETS s’impose comme l’un des groupes les plus touchants de la scène metalcore mélodique. Entre riffs éthérés, productions modernes et lyrisme profondément introspectif, la formation de Leeds n’a cessé de se distinguer par sa capacité à mettre l’émotion au premier plan. Avec The Only Heaven You’ll Know, le groupe revient confirmer son identité : celle d’un projet où la vulnérabilité devient force, où la douleur se transforme en lumière. Cet album, attendu avec une certaine impatience par les amateurs du genre, entend non seulement poursuivre l’héritage laissé par Lost Souls, mais aussi ouvrir un nouveau chapitre — plus mature, plus affirmé, plus viscéral.

 

Apprendre à recoller l’âme

L’identité visuelle de The Only Heaven You’ll Ever Know prolonge cette esthétique faite de clair-obscur et de pudeur émotionnelle. La pochette, à la fois épurée et symbolique, place la lumière au bord de l’ombre, comme un rappel que la guérison n’est jamais totale — seulement en devenir. Les clips, eux, jouent sur l’espace, le mouvement lent, la solitude, le corps qui hésite. Tout est pensé pour montrer l’humain au bord d’un seuil : celui de la rupture, de l’aveu, ou de la renaissance. On regarde et l’on comprend immédiatement que cet album n’est pas là pour briller, mais pour dire.

CASKETS a façonné ce disque dans une logique introspective, en travaillant la composition comme une progression émotionnelle. L’écriture vocale de Matt Flood, fragile sans jamais se briser, se nourrit de l’expérience intime : les regrets qui rongent, les liens qu’on tente de retenir, les morceaux de soi que l’on essaye de recoller. Musicalement, le groupe marie le metalcore mélodique à des textures électroniques et des crescendos à la manière du post-rock moderne. Pas d’esbroufe, pas de riff démonstratif. Ici, la technique se cache pour mieux porter l’émotion. On pense à Holding Absence pour la sensibilité, à Polaris pour la structure, à Make Them Suffer pour la profondeur dramatique — et cette influence se ressent particulièrement sur le second titre.

L’album s’ouvre avec “Lost In The Violence”, une montée progressive où la voix devient l’outil principal de tension. C’est la lucidité qui fait mal : reconnaître qu’on est prisonnière de ses propres spirales. “Our Remedy”, en collaboration avec Make Them Suffer, crée un dialogue saisissant : deux sensibilités, deux blessures, qui se répondent pour dire la même vérité — parfois, on cherche un remède dans ce qui nous détruit. Le morceau-titre, “The Only Heaven You’ll Ever Know”, condense tout l’album : mélodies longues, percussion retenue, émotion presque suspendue. Une prière pour continuer. “Closure” et “Sacrifice” jouent davantage sur le contraste : refrains larges, guitares amples, prises de conscience amères.

“What Have I Become” marque le point de fracture : l’aveu sans fard, la honte qui remonte, la voix qui se fait tranchante. “Make Me A Martyr” pousse plus loin la noirceur, laissant la batterie claquer comme un cœur en lutte. Puis, comme une respiration, “Save Us” et “Escape” s’ouvrent, plus lumineuses, presque rédemptrices. “In Vein” ramène à la profondeur : l’amour toxique, la répétition, l’obsession. Enfin, “Broken Path” clôt l’album comme une marche lente vers la lumière — pas triomphale, mais possible.

À l’écoute, je me sens traversée. Je ne suis pas spectatrice : je suis dedans. Je reconnais mes propres failles dans les mots, mes propres déchirures dans les crescendos. Je sens ma respiration se caler sur la sienne, mes pensées s’ouvrir là où je les verrouillais. Ce n’est pas un album qui demande de comprendre, c’est un album qui demande de ressentir. Et il m’offre, sans promesse trompeuse, la simple idée que survivre, déjà, est une victoire.

Avec The Only Heaven You’ll Ever Know, CASKETS signe l’un de ses projets les plus sincères. Pas de posture, pas de façade. Juste l’âme, les mains nues, la vérité.

 

The Only Heaven You’ll Know n’est pas seulement un album, c’est une catharsis. CASKETS y creuse des thèmes intimes sans jamais sombrer dans le pathos, préférant la sincérité à la démonstration. Le groupe parvient à toucher juste, à trouver l’équilibre fragile entre puissance et retenue, entre bravoure et aveu de faiblesse. Ce disque résonnera sans doute longtemps chez ceux qui y chercheront un écho à leurs propres luttes.
En somme : CASKETS signe ici un projet abouti, cohérent et profondément humain — l’un de ceux qui restent, même une fois le silence revenu.