Sanguivore II: Mistress of Death, CREEPER
31 octobre 2025 0 Par Chacha
Dans un monde musical souvent obsédé par la sobriété et la sincérité brute, Creeper choisit la voie inverse : celle du drame, du sang et du glamour décadent. Avec Sanguivore II: Mistress of Death, le groupe de Southampton pousse son univers gothique jusqu’à l’explosion totale — un opéra rock flamboyant où les vampires se font métaphore du rock’n’roll lui-même. Sorti en ce 31 octobre 2025, jour d’Halloween, l’album s’impose comme une célébration du spectacle gothique dans toute sa démesure : riffs flamboyants, claviers hantés, romantisme macabre et énergie punk transfigurée. Creeper ne se contente plus de jouer avec la mort ; ils la séduisent, la glorifient, et la transforment en maîtresse de cérémonie.
Le baiser gothique du rock’n’roll
Avec Sanguivore II: Mistress of Death, Creeper plonge plus profondément que jamais dans sa mythologie vampirique. Sorti le 31 octobre 2025, ce quatrième album transforme le rock gothique en véritable théâtre baroque : sang, cuir, paillettes et crocs aiguisés. Visuellement, tout respire l’excès — de la pochette ensanglantée aux clips cinématiques de Headstones et Blood Magick (It’s a Ritual), entre décadence glam et panique satanique eighties. Les visuels évoquent un univers à mi-chemin entre Rocky Horror, The Lost Boys et un show de Ghost sous amphétamines.
Sous la direction du producteur Tom Dalgety (Ghost, Royal Blood), le groupe pousse chaque curseur au maximum : solos jumeaux, chœurs d’arène, claviers gothiques et refrains taillés pour les stades. L’écriture, pensée comme la suite directe de Sanguivore (2023), assume sa dimension cinématographique : chaque titre est un chapitre de cette fuite en avant sanglante, entre sexe, mort et fascination pour le spectacle du rock.
Les thèmes de l’album s’entrelacent dans une fable vampirique où la luxure, la violence et la célébrité deviennent des visages d’une même addiction. Creeper y explore la décadence du rock, la destruction de soi à travers la gloire, la métaphore du vampire comme figure d’artiste maudit et de femme prédatrice — la “Mistress of Death” étant à la fois muse et bourreau. On y parle aussi d’amour toxique, de rédemption impossible, de désir de transcendance au cœur du chaos. Chaque morceau joue avec le sacré et le profane, le plaisir et la damnation, l’ombre et la lumière des projecteurs.
Parmi les morceaux phares, Headstones ouvre l’album avec une rage punk-metal irrésistible, Blood Magick brille par son mélange de glam et d’hymne démoniaque, tandis que Razor Wire met en avant la voix vénéneuse de Hannah Greenwood dans un climat moite et sensuel. Pavor Nocturnus clôt le tout comme un opéra nocturne où les guitares se consument lentement dans la lumière rouge du lever du jour.
En tant qu’auditrice, je me laisse happer : je sens la chaleur des spots, la sueur du cuir, la morsure du son. J’ai envie de danser, de hurler, de me perdre dans cette esthétique à la fois morbide et exaltante. Sanguivore II est un album-spectacle, un hommage à la démesure du rock’n’roll — théâtral, fiévreux, charnel. Un disque qui ne se contente pas de mordre : il envoûte.
Avec Sanguivore II: Mistress of Death, Creeper signe non seulement la suite d’un récit vampirique, mais surtout une déclaration d’amour au pouvoir du rock théâtral. Chaque morceau suinte la passion, la mélancolie et la grandiloquence assumée d’un groupe qui n’a plus peur d’être trop. Loin du pastiche, c’est une œuvre totale, entre cinéma d’horreur et cabaret romantique, où chaque cri et chaque note semblent danser sur le fil du rasoir.
En 2025, rares sont les albums capables d’allier autant de panache, de concept et de sincérité dans l’excès : Creeper y parvient avec une élégance sanguinaire. Mistress of Death est un baiser gothique à la fois mortel et irrésistible — un album qui rappelle que le rock, parfois, se porte bien mieux les crocs dehors.


