Ornate Resentment, ASLEEP AT THE HELM
31 octobre 2025 0 Par Chacha
Dans un paysage metalcore saturé de clones et de formules prévisibles, Asleep At The Helm revient bousculer la routine avec Ornate Resentment, un EP aussi court qu’intense. Trois ans après Keepsake, les Mancuniens affinent leur signature sonore : une fusion entre la rage technique du metal moderne et une sensibilité mélodique presque fragile. Cinq titres, quinze minutes, et pourtant un univers dense, ciselé, à la fois brutal et réfléchi — comme si chaque note pesait son poids de colère et de lucidité. Ornate Resentment n’est pas une simple démonstration de force : c’est une déclaration d’intention.
Ornate Resentment : la beauté dans la rancune
Avec Ornate Resentment, les Mancuniens d’Asleep At The Helm livrent un EP court mais intensément viscéral, où chaque note semble taillée dans la douleur et polie par la résilience. Cinq titres, quinze minutes : un condensé d’émotion brute et de technicité maîtrisée, produit avec un soin rare dans la scène metalcore actuelle.
L’identité visuelle en dit long sur l’intention : la pochette, entre ornement et corrosion, incarne parfaitement cette tension entre éclat et ruine. Le groupe l’assume : “Ornate” pour la beauté travaillée, “Resentment” pour la rancune tenace. Les clips, sobres et nerveux (Photosynthetic, Tarnished), prolongent cette esthétique — une lumière crue, une mise en scène minimaliste, un visuel au service de l’émotion plutôt que du décorum.
Musicalement, le groupe affine la formule metalcore moderne : riffs syncopés, breakdowns massifs, mais aussi un sens de la mélodie qui confère une dimension dramatique aux morceaux. Photosynthetic ouvre l’EP dans un souffle de rage et de libération ; Wilted Bloom mêle puissance et mélancolie autour du thème de la renaissance après l’effondrement ; Equilibrium apaise avant de replonger dans le tumulte ; Tarnished, pièce maîtresse, incarne la catharsis absolue – un cri d’humanité sous la rouille.
Les thèmes traversent tout l’EP comme une ligne de fracture : rancune, héritage toxique, identité, croissance à travers la douleur. Asleep At The Helm parle de survie émotionnelle — de cette lutte intime entre la colère et la volonté de s’en défaire sans la renier.
À l’écoute, je me sens prise dans une tempête intérieure : d’abord oppressée, puis soulagée, comme si chaque hurlement du chanteur arrachait un poids de mes épaules. Ce n’est pas seulement agressif : c’est purifiant.
Ornate Resentment est donc bien plus qu’un simple retour pour Asleep At The Helm : c’est une œuvre à la fois féroce et sincère, où la colère se fait art, et la rancune, ornement. Un EP à la fois puissant et émouvant, qui prouve que le metalcore peut encore être profondément humain.
Avec Ornate Resentment, Asleep At The Helm confirme qu’il ne suffit pas de frapper fort pour marquer les esprits : encore faut-il le faire avec élégance. Entre breakdowns chirurgicalement placés et envolées émotionnelles, le groupe livre un EP à la fois viscéral et soigneusement travaillé, où la beauté et la fureur cohabitent sans jamais se contredire. Ce disque, compact mais plein de relief, montre un groupe sûr de sa direction et prêt à franchir une nouvelle étape. Si Keepsake posait les bases, Ornate Resentment en érige les fondations solides — et laisse présager un futur album aussi ambitieux que nécessaire.


