Kill List II, GOING OFF
31 octobre 2025 0 Par Chacha
Le hardcore britannique n’a jamais manqué de voix enragées, mais peu parviennent à canaliser la colère avec autant de lucidité que Going Off. Avec Kill List II, le groupe mancunien revient frapper là où ça fait mal : sur les plaies ouvertes du deuil, de la perte et de la reconstruction de soi. Successeur direct de Kill List I, ce nouvel EP ne cherche pas à élargir son terrain de jeu, mais à l’approfondir — creusant dans la douleur pour en extraire une forme de vérité brute. En moins de dix minutes, Going Off signe un manifeste de rage consciente : court, compact, mais incroyablement chargé d’émotion.
La colère comme art du contrôle
Avec Kill List II, Going Off revient avec un EP aussi bref qu’incandescent. Sept titres, moins de dix minutes, mais une densité émotionnelle rare. Le hardcore mancunien y trouve une nouvelle forme : plus viscérale, plus consciente. Ce n’est pas juste une déflagration sonore — c’est une traversée.
La pochette, tout en noir et blanc, évoque directement l’univers du punk hardcore old school et du grind des années 80 : dessin granuleux, corps déformés, chair éclatée, typographie dégoulinante. Ce n’est pas une provocation gratuite : c’est la matérialisation de la folie et de la souffrance que Going Off canalise dans sa musique. L’illustration, presque fanzine dans son trait, agit comme un avertissement : ici, tout déborde, mais rien n’est faux. Ce graphisme DIY, cru et organique, résume à lui seul l’esprit de l’EP – brut, sans filtre, viscéralement humain.
Les thèmes abordés transpercent chaque riff : la perte, le deuil, la colère, la reconstruction. « To Lose a Limb » évoque la mutilation symbolique, celle de devoir se détacher d’une partie de soi pour continuer à avancer. « Brain Melter » est une plongée dans le chaos intérieur, une explosion maîtrisée de riffs tranchants et de syncopes violentes. Enfin, « Salvation » clôt le disque sur une note presque rédemptrice : la rage devient résilience.
Musicalement, la production mêle la brutalité du hardcore old-school à une précision chirurgicale : la guitare sonne comme une arme, la batterie martèle sans relâche, la voix crache la vérité sans posture. On sent une écriture collective, urgente, taillée pour la scène mais pensée avec méthode. Rien n’est laissé au hasard : chaque coup, chaque silence a du poids.
En tant qu’auditrice, je ressens tout physiquement : le cœur accélère, les poings se serrent, mais paradoxalement, je me sens apaisée. Parce que cette colère, Going Off la partage, la transforme. Kill List II parle de survie, de douleur sublimée, de ce moment où la rage devient lucidité. Dix minutes suffisent pour comprendre : ce groupe ne joue pas juste fort, il joue vrai.
Kill List II n’est pas simplement un disque de hardcore ; c’est une exorcisation collective. Derrière chaque cri, chaque riff, se cache une volonté d’en finir avec la passivité, de faire de la colère un moteur plutôt qu’un poison. Going Off prouve ici qu’il maîtrise son art : celui de faire parler la fureur sans la rendre vaine. C’est intense, honnête et humain. Dix minutes suffisent à comprendre que, pour ce groupe, la violence n’est pas une fin — c’est un moyen de survie.


