Ascension, PARADISE LOST

Ascension, PARADISE LOST

19 septembre 2025 0 Par Chacha

 

Trente-cinq ans après avoir posé les bases du goth-doom avec Lost Paradise et marqué à jamais l’histoire du metal sombre avec Draconian Times, Paradise Lost continue de défier le temps. Avec Ascension, leur dix-septième album studio, les Anglais prouvent qu’ils n’ont rien perdu de leur pertinence ni de leur inspiration. Entre lourdeur implacable, atmosphères gothiques et mélodies funèbres, le quintette livre une œuvre dense, à la fois héritière de son passé et témoin d’une évolution toujours vivante.

 

La Mort comme emblème : l’esthétique funèbre d’Ascension

Avec Ascension, Paradise Lost soigne une identité visuelle à la fois solennelle et glaçante, où la Mort n’est plus une menace mais une figure centrale et inévitable. La pochette reprend The Court of Death de George Frederic Watts, une toile symboliste du XIXᵉ siècle qui érige la Mort en trône, entourée de Silence et de Mystère : une image qui résonne parfaitement avec les thèmes de l’album. Les clips dévoilés prolongent cette esthétique en conjuguant clair-obscur, teintes sépia et atmosphères gothiques, entre ruines, paysages dévastés et imagerie religieuse détournée. Rien de tape-à-l’œil : l’univers visuel se veut intemporel, lourd de symboles, et vient ancrer la musique dans une dimension rituelle, où chaque morceau semble convoquer une liturgie sombre à l’ombre du tombeau.

Paradise Lost : les architectes de l’ombre du metal

Depuis leur formation en 1988, Paradise Lost a profondément façonné le metal, en particulier les sous-genres doom et gothique. Avec Gothic (1991), le groupe a littéralement posé les fondations du death/doom mélodique, mêlant lourdeur funèbre, atmosphères mélancoliques et orchestrations sombres. Leur audace à expérimenter avec des sonorités plus synthétiques (Host, 1999) ou plus mélodiques (Draconian Times, 1995) a inspiré des générations de groupes à sortir des cadres traditionnels du metal, créant des ponts entre intensité, émotion et mélodie. Paradise Lost n’a pas seulement influencé des groupes comme My Dying Bride, Anathema ou Katatonia ; ils ont montré que le metal pouvait être introspectif, dramatique et poétiquement noir, tout en restant viscéralement puissant.

Dans l’ombre et la lumière : inspirations et création d’Ascension

Paradise Lost puise depuis toujours dans un mélange unique de doom, de metal gothique et de death mélodique, avec des influences allant de Black Sabbath et Celtic Frost aux atmosphères plus modernes de Type O Negative ou Anathema. Sur Ascension, le groupe s’inspire autant de ses classiques des années 90 que des tensions et émotions contemporaines, créant un équilibre entre lourdeur écrasante et mélodies sombres et élégantes. Les guitares de Gregor Mackintosh explorent des textures riches et variées, tandis que les rythmes de Waltteri Väyrynen et la basse de Steve Edmondson donnent au disque un socle puissant et presque cérémonial, reflétant l’ambition du groupe de mêler intensité et atmosphère.

Le processus d’écriture de l’album a été particulièrement collaboratif, Nick Holmes composant les paroles autour de thèmes de mort, de mémoire et de rédemption, tandis que Mackintosh et le reste du groupe travaillent les arrangements pour que chaque morceau raconte sa propre histoire tout en s’insérant dans une narration globale. L’album est le fruit d’une maturation progressive : riffs et structures sont peaufinés, passages plus introspectifs et morceaux plus directs coexistent, et chaque note est pensée pour servir l’émotion. Ce mélange de travail minutieux et de spontanéité créative donne à Ascension cette sensation de voyage dans des paysages sombres mais profondément humains, fidèle à l’essence de Paradise Lost.

Voyage au cœur des ombres : les temps forts émotionnels d’Ascension

Ascension de Paradise Lost est un véritable périple émotionnel où chaque morceau agit comme un chapitre d’un récit sombre et introspectif. L’album s’ouvre avec Serpent on the Cross, une mise en scène oppressante qui plonge immédiatement l’auditeur dans un sentiment de gravité et de fatalité. Les guitares lourdes et la voix tourmentée de Nick Holmes sur Tyrants Serenade alternent tension et mélodie, créant un mélange d’agressivité maîtrisée et de beauté tragique. Au cœur de l’album, des pistes comme Lay a Wreath Upon the World offrent des respirations contemplatives, presque méditatives, où la mélancolie se fait poétique, avant que Sirens et The Precipice ne concluent le voyage sur des sommets d’intensité émotionnelle, mêlant un sentiment d’émerveillement et de désespoir. Tout au long de ces cinquante minutes, l’auditeur oscille entre lourdeur écrasante et élévation introspective, éprouvant une palette de sensations allant de l’angoisse hypnotique à la solennité cathartique, dans un continuum où beauté et ténèbres se répondent sans jamais se départir de leur force évocatrice.

 

Pour conclure, Ascension est plus qu’un simple album : c’est une démonstration de maturité et de puissance créative. Paradise Lost prouve qu’après plus de trois décennies, il maîtrise toujours l’art de marier mélancolie, lourdeur et intensité émotionnelle. Chaque morceau est un voyage dans les ténèbres, mais avec une clarté et une maîtrise qui témoignent de l’expérience du groupe. Pour les amateurs de metal gothique et doom, cet album n’est pas seulement une écoute recommandée : c’est un incontournable.