Lightning in a Bottle, PENTAGRAM

Lightning in a Bottle, PENTAGRAM

31 janvier 2025 0 Par Chacha

 

Après dix longues années de silence discographique, les pionniers du doom américain reviennent avec un album qui porte bien son nom : Lightning in a Bottle. Plus qu’un simple retour, c’est une décharge électrique venue d’un groupe que l’on croyait peut-être assagi, mais qui prouve encore sa force. Bobby Liebling, seul survivant originel, s’entoure d’une nouvelle formation pour livrer un disque où se mêlent lourdeur, énergie brute et confession intime. Pentagram réussit ici à condenser son héritage et sa rage dans un album qui sonne à la fois classique et vital.

 

Pentagram : les pères de l’ombre

Bien avant que Black Sabbath ne soit sacré maître du doom, Pentagram posait déjà aux États-Unis les fondations d’un heavy metal sombre, lourd et rampant, qui allait influencer des générations entières de groupes de doom, de stoner et de heavy underground. Actifs depuis le tout début des années 70, menés par la voix fragile et torturée de Bobby Liebling, ils ont incarné une forme d’underground pur, survivant aux échecs commerciaux, aux addictions et aux bouleversements de line-up. Leur importance ne se mesure pas en disques d’or, mais en héritage : sans Pentagram, une grande partie de la scène doom/stoner telle qu’on la connaît — d’Electric Wizard à Spirit Adrift — n’existerait sans doute pas sous la même forme.

L’éclair dans la bouteille : une identité visuelle entre tradition et renaissance

L’identité visuelle de Lightning in a Bottle illustre parfaitement le paradoxe de Pentagram : un groupe à la fois enraciné dans l’esthétique doom classique et toujours en quête de régénération. La pochette, dominée par l’iconique logo étoilé du groupe, est traversée par une foudre bleu-électrique qui symbolise la puissance brute et insaisissable du titre — comme si l’album capturait une étincelle rare, un moment figé. L’imagerie rappelle les codes occultes et mystiques chers à Pentagram, mais modernisés par un graphisme plus net et lumineux que par le passé. Quant aux clips et visuels promotionnels, ils exploitent ce contraste entre obscurité et éclairs lumineux, mêlant atmosphères lourdes et touches psychédéliques, pour incarner un groupe qui assume son héritage tout en revendiquant une énergie encore vive, presque régénérée par la tempête.

Entre héritage doom et nouvelles énergies

Pentagram a toujours été le chaînon manquant entre le heavy rock des années 70 et le doom metal naissant. Sur Lightning in a Bottle, on retrouve cette double inspiration : les riffs hérités de Black Sabbath, la lourdeur hypnotique chère au doom, mais aussi une touche plus directe et rock’n’roll. Tony Reed, guitariste et producteur, insuffle une dynamique différente, teintée de psychédélisme et de classic rock, qui rafraîchit le son tout en respectant l’ADN du groupe.

Le processus d’écriture s’est nourri à la fois de l’expérience de Bobby Liebling et de la cohésion de cette nouvelle formation. Les textes explorent les démons intérieurs, l’addiction, la rédemption, mais aussi une certaine envie de renaissance (Live Again, Lady Heroin). Les morceaux ont été construits dans une atmosphère brute, presque « live », privilégiant l’impact et l’authenticité plutôt que la perfection stérile. Ce mélange d’héritage et d’urgence fait de l’album une œuvre à la fois sombre et vibrante.

Éclairs et Ombres : un voyage émotionnel avec Lightning in a Bottle

Dès l’ouverture avec “Live Again”, Pentagram saisit l’auditeur par un souffle de vitalité brute, comme une renaissance rageuse où chaque riff pèse le poids des années mais vibre d’une énergie neuve. L’intensité se creuse avec “Lady Heroin”, morceau cathartique où l’ombre des addictions de Bobby Liebling plane lourdement, transmettant à la fois douleur intime et fragilité universelle. Plus loin, “Thundercrest” et “Solve the Puzzle” insufflent un groove martial, donnant au public une sensation d’élan irrésistible, presque libératrice, avant que des titres comme “Walk the Sociopath” installent une tension plus sombre, flirtant avec l’angoisse et la paranoïa. L’album se conclut dans une atmosphère de lutte et de résilience, laissant l’auditeur traversé par un mélange d’oppression, de mélancolie et d’espoir – comme si Pentagram avait réussi à capturer, justement, un éclair dans une bouteille.

 

Lightning in a Bottle n’est pas seulement un nouvel album de Pentagram : c’est la preuve que, malgré les décennies, les épreuves et les métamorphoses, le groupe a encore quelque chose de brûlant à offrir. Rugueux, habité, parfois inégal mais toujours sincère, ce disque capture l’essence de ce qu’est Pentagram depuis ses débuts : un doom à la fois sombre et viscéral, porté par la voix cabossée mais indomptable de Bobby Liebling. Plus qu’un simple retour, c’est un rappel vibrant que certaines flammes refusent de s’éteindre.