TAGADA JONES, A feu et à sang

TAGADA JONES, A feu et à sang

29 octobre 2020 0 Par Leeloo

Tagada Jones : Toujours là pour nous secouer !

 

Tagada Jones, c’est un peu comme ce vieux pote qu’on adore revoir, un observateur aguerri de notre société depuis 25 ans. Franchement, on ne peut pas dire que les choses se soient vraiment améliorées depuis leur dernier album, « La Peste et le Choléra », sorti il y a trois ans. Avec la crise sociale, sanitaire, économique et la montée des populismes, difficile de rester optimiste. Beaucoup auraient jeté l’éponge, mais pas Tagada Jones ! Ils reviennent avec « A Feu et à Sang », un titre qui ne laisse aucune place au doute, accompagné d’une pochette qui ne fait pas dans la dentelle.

 

Côté musique, pas de révolution, et c’est tant mieux. Ce qu’on veut de Tagada, c’est ce punk énergique saupoudré de metal crossover, un mélange explosif à la Bérurier Noir, Sheriff ou The Exploited, avec une petite touche de Suicidal Tendencies. On note cependant quelques évolutions, notamment avec des sonorités metal accentuées par moments, comme sur « Le Dernier Baril » avec son côté indus. Niko Jones, au chant, ne déçoit pas ; sa hargne percute et son côté poète engagé vit ses paroles avec une intensité hors du commun. Le résultat ? Un disque engagé d’une puissance rare qui ne plaira pas à tout le monde, surtout que le groupe n’hésite pas à afficher son anarchisme bien ancré à gauche.

Les thèmes abordés résonnent avec notre époque : écologie, droits des femmes, fanatisme et intolérance, sans oublier les crises actuelles. « Nous Avons la Rage » et son clip participatif font un retour sur la crise des gilets jaunes, sans détour, en cri de révolte. Dans cette veine, « A Feu et à Sang », « Les 4 Éléments » ou « Un Lion En Cage » – un clin d’œil à Noir Désir – se posent en véritables hymnes à la rébellion. L’écologie est sur le devant de la scène avec « L’Addition », un message percutant qui détonne dans le meilleur punk incisif. On retrouve aussi un titre marquant avec « La Biche et le Charognard »(que j’adore et que j’aimerai entendre en concert car elle me donne envie de sauter partout) qui fait écho au mouvement #MeToo et aux luttes féministes. Enfin, le groupe n’oublie pas de regarder à la fois vers le passé et l’avenir. Il y a une bonne dose de nostalgie sur « De Rires et de Larmes » (que je trouve décevante car il y a un peu trop « hou hou » à mon goût), de la colère sur « La Nouvelle Génération » qui parle de la jeunesse sacrifiée, et un appel à l’union sur le magnifique « Les Autres ».

 

« A Feu et à Sang » est un album puissant d’un groupe attachant et humain. J’accorde beaucoup plus d’attention à Magnitude 13, d’un style complètement différent de ce que font Tagada Jones.

Certes, certains y verront de la démagogie et auront du mal à s’y retrouver, mais ce serait dommage de ne pas reconnaître la sincérité de l’engagement de Tagada Jones, le tout porté par une musique qui donne envie de bouger.