All That Follows, CURRENTS
31 octobre 2025 0 Par Chacha
Après le succès critique de The Death We Seek en 2023, Currents n’a pas attendu bien longtemps avant de reprendre la plume — ou plutôt la distorsion. Avec All That Follows, le groupe américain revient frapper fort, mais avec une approche plus introspective. Présenté comme un EP de transition, ce nouveau projet agit à la fois comme une conclusion et un nouveau départ : une respiration sombre, dense, où le metalcore des débuts s’enrichit d’une réflexion plus mature sur la perte, le sens et la résilience. Entre riffs ravageurs et mélodies hantées, Currents continue d’affirmer son statut de pilier du metalcore moderne tout en laissant entrevoir les contours d’une nouvelle ère.
Entre désillusion et renaissance
Avec All That Follows, Currents signe un EP de transition qui respire la lucidité. À travers cinq titres denses, le groupe explore la fin d’un cycle — celui de The Death We Seek — pour mieux amorcer le suivant. L’identité visuelle est à l’image du propos : sombre, épurée, presque clinique. Sur la pochette et dans le clip de Rise & Fall, les teintes froides, les textures métalliques et les images d’archives traduisent un regard introspectif sur le passé du groupe, comme un constat d’usure et de survie.
Musicalement, Currents renoue avec son ADN metalcore tout en élargissant sa palette émotionnelle. Les riffs restent massifs, mais plus précis ; les structures oscillent entre chaos et retenue. It Only Gets Darker ouvre l’EP sur une tension palpable, comme un souffle avant la tempête. My Severance mêle mélodies aériennes et cris viscéraux pour raconter la rupture, la perte d’une part de soi. Making Circles tourne autour de l’idée de l’épuisement — répéter les mêmes erreurs, encore et encore — tandis que Can’t Turn Back dégage une rage pure, refusant tout retour en arrière. Enfin, Rise & Fall conclut le cycle sur une note à la fois puissante et mélancolique, un chant funèbre pour ce qui s’effondre avant la reconstruction.
Les thèmes abordés sont profonds et universels : désillusion, injustice, trahison, perte de sens, mais aussi endurance et renaissance. On y lit la tension entre le désespoir d’un monde en ruine et la nécessité de continuer à avancer malgré tout. Dans cette obscurité, Currents trouve un équilibre fragile entre colère et résilience.
À l’écoute, je me sens happée — comme si chaque riff me ramenait face à mes propres fissures. Les voix de Brian Wille alternent entre fureur et fragilité, et je ressens ce tiraillement intérieur qu’évoque le groupe : le besoin de lâcher prise sans cesser d’espérer. All That Follows n’est pas qu’un simple EP : c’est une mue, une confession amplifiée, un passage obligé avant la lumière.
En cinq morceaux, Currents parvient à condenser toute l’intensité d’une ère qui s’achève — et à promettre, déjà, celle qui commence.
All That Follows n’est peut-être pas une révolution, mais c’est une affirmation. Currents prouve qu’il sait évoluer sans trahir son essence, en livrant un EP cohérent, viscéral et émotionnellement chargé. Ces cinq morceaux condensent l’ADN du groupe : puissance, mélancolie et honnêteté brute. Ce chapitre de transition, à la fois lucide et prometteur, laisse entrevoir un futur où le groupe pourrait bien repousser encore un peu plus les limites de son propre univers. Si la nuit semble tomber sur ce cycle, on devine déjà, au loin, la lumière du prochain.


