Bruxism, GRANDMA’S ASHES
24 octobre 2025 0 Par Chacha
Trois ans après avoir bousculé la scène alternative française avec This Too Shall Pass, Grandma’s Ashes revient plus mordant·es que jamais avec Bruxism. Ce second album, attendu le 24 octobre 2025 chez Verycords, marque un véritable point de bascule pour le trio parisien. Exit le confort des étiquettes stoner ou prog : ici, la tension prime. Entre riffs abrasifs, textures industrielles et émotions à vif, Bruxism explore la rage sourde et les nuits sans sommeil d’une génération sous pression. Un disque qui serre les dents, grince, gronde — et qui libère autant qu’il encaisse.
L’esthétique de la tension — une identité visuelle viscérale
Avec Bruxism, Grandma’s Ashes s’affirme à travers une imagerie frontale, dérangeante et parfaitement cohérente avec la nervosité sonore de l’album. La pochette — une bouche ouverte, reliée par une chaîne métallique — incarne physiquement la douleur contenue, le serrement des mâchoires qui donne son nom au disque. Entre érotisme froid et violence symbolique, cette image traduit la dualité centrale du projet : la contrainte et la libération. Les clips prolongent cette tension : lumières blafardes, gestuelles saccadées, décors industriels ou urbains, le tout filmé avec une esthétique presque clinique. Grandma’s Ashes se forge ici une identité visuelle à la fois charnelle et conceptuelle, où chaque détail – du maquillage métallique aux teintes bleu acier – exprime une société sous pression, une humanité qui grince mais refuse de céder.
Entre fièvre et maîtrise — les rouages sonores de Bruxism
Sur Bruxism, Grandma’s Ashes puise dans un large spectre d’influences où se croisent la lourdeur du stoner, l’âpreté du grunge et les ombres du rock gothique. Le trio revendique des affinités avec des groupes comme Brutus, Nine Inch Nails ou encore Chelsea Wolfe, tout en conservant une approche très personnelle du son : dense, nerveux, mais toujours émotionnel. Loin du simple hommage, ces influences se fondent dans un langage propre où la mélodie devient un exutoire et la saturation, un cri intérieur. Les textures industrielles et les rythmiques martelées traduisent une volonté de confronter le chaos moderne à une forme de beauté organique — celle qui émerge du bruit et de la tension.
L’écriture et la production de l’album ont suivi cette même dualité : instinct et précision. Composé majoritairement en studio à Bruxelles, sous la houlette du producteur Jesse Gander, Bruxism a été conçu comme un espace d’expérimentation totale. Le groupe a cherché à capturer l’énergie brute du live tout en sculptant un son plus tranchant, plus viscéral. Chaque morceau est né d’un travail collectif où les émotions priment sur les structures, où la contrainte technique devient moteur de créativité. Ce processus minutieux, presque cathartique, donne à l’album sa cohérence et sa rage maîtrisée — un équilibre fragile entre contrôle et déferlante, comme les mâchoires serrées prêtes à exploser.
Dans les coulisses vibrantes de Bruxism
Dès Silent Echoes, je suis saisi par la minutie de la production : les guitares saturées se superposent aux nappes électroniques avec une clarté chirurgicale, chaque détail sonore me plaque contre l’émotion brute du morceau. Neon Dreams m’enveloppe ensuite dans un mélange de synthés scintillants et de percussions complexes, et je ressens cette tension entre euphorie et nostalgie, comme si la texture même du son me faisait osciller. Avec Glass Faces, les effets de réverbération et le mix serré des voix révèlent une vulnérabilité palpable, chaque silence pesant autant que les explosions sonores, tandis que Midnight Pulse me plonge dans un vertige hypnotique grâce à un mastering qui fait respirer les basses et les motifs rythmiques, créant un souffle continu qui traverse mon corps. À chaque instant, GRANDMA’S ASHES ne se contente pas de jouer avec mes émotions : la production devient un instrument à part entière, et je me laisse emporter, témoin d’une intimité sonore presque tactile.
Avec Bruxism, Grandma’s Ashes signe une œuvre aussi viscérale que cohérente, à la fois sombre, frontale et d’une lucidité rare. Le trio transforme son anxiété en puissance sonore, ses doutes en hymnes électriques. Plus qu’un simple album, Bruxism est une catharsis, un cri lucide contre la morosité ambiante. En repoussant leurs propres limites esthétiques, Eva, Myriam et Edith prouvent qu’elles n’ont pas dit leur dernier mot — et confirment leur statut de l’un des groupes rock les plus audacieux de la scène française actuelle.


