Interview avec Thobbe Englund, Guitariste de Sabaton

Interview avec Thobbe Englund, Guitariste de Sabaton

12 octobre 2025 0 Par Nina

De retour au sein de Sabaton après plusieurs années d’absence, le guitariste Thobbe Englund (via Zoom) s’est confié sur la conception de Legends, le nouvel album du groupe suédois. Entre inspirations historiques, discipline musicale et humour typiquement scandinave, il évoque la dynamique retrouvée du groupe, ses influences, et la manière dont Sabaton continue d’évoluer sans jamais perdre son identité sonore.

 

Salut, ravie de te rencontrer.
Thobbe (en ajustant son téléphone) : Salut ! Ravi de te rencontrer. Je vais juste essayer de te cadrer comme ça… Voilà, tu étais à l’envers.
(Rires) D’accord. Alors, je m’appelle Nina. Merci pour ton temps.
Thobbe : Mais bien sûr. Salut.
Quand tu es prêt, j’ai quelques questions que j’aimerais te poser aujourd’hui.
Thobbe : (Rires) Vas-y, commence. Je suis prêt.

Legend se concentre sur des figures emblématiques. Si tu pouvais te glisser dans la peau de l’une d’elles juste pour une journée, laquelle choisirais-tu ?
Thobbe : Des figures emblématiques, comme sur l’album ? Hmm… Il y en a beaucoup de très sympas. Je dirais peut-être Dracula, ce serait cool pour une journée.

C’est le premier album de Sabaton où chaque membre du groupe a participé au processus d’écriture. Comment cela a-t-il changé la dynamique du groupe en studio ?
Thobbe : Honnêtement, je ne crois pas qu’on y ait beaucoup réfléchi. C’est venu naturellement, parce qu’on avait tous de bonnes idées de chansons, et on les a simplement assemblées. On ne s’est pas trop pris la tête, et au final, ça a donné un super album avec d’excellentes chansons.

Musashi était connu pour son Livre des Cinq Anneaux et sa philosophie de la stratégie. Travailler sur cette chanson t’a-t-il poussé à réfléchir à ta propre discipline de guitariste ?
Thobbe : Oui, un peu. Quand j’avais environ 15 ans, j’ai vu une vieille VHS d’Yngwie Malmsteen, et à partir de là, j’ai compris ce que je voulais faire. Mais j’ai aussi compris que la discipline était essentielle. Je m’entraînais huit heures par jour jusqu’à environ 23 ans. Huit ans d’entraînement intensif. Même si je faisais une pause café de 15 minutes, je les ajoutais à la fin de ma journée. Donc oui, je connais bien la discipline ! (Rires)
Mais tout doit venir de toi. Quand tu es inspiré, la discipline suit naturellement.

Tu as travaillé avec Jonas Kjellgren sur l’album. Y a-t-il eu un moment en studio où tu t’es dit : “C’est exactement le son que les fans vont adorer” ?
Thobbe : Oui, absolument. C’était pendant l’enregistrement de Crossing the Rubicon. J’ai eu ce moment où je me suis dit : “Wow, on tient une chanson incroyable.” Le riff, la mélodie, les paroles, la ligne vocale… tout était parfait. C’est une chanson rapide, avec des guitares lourdes et une production massive. Jonas Kjellgren est un vrai magicien pour tirer le meilleur de chacun. Et la production est énorme.

Si tu devais décrire cet album avec trois mots, sans dire “épique” ou “puissant”, lesquels choisirais-tu ?
Thobbe : (Rires) Je dirais : bombastique, énorme et mythique.

Le partenariat avec Better Noise marque une nouvelle ère pour Sabaton. Qu’est-ce que ce label apporte que vous n’aviez pas connu auparavant ?
Thobbe : C’est plutôt une question pour Pär, mais je pense qu’ils vont nous aider à avancer d’une manière qu’on ne pouvait peut-être pas avant. La collaboration se passe très bien. Ils peuvent amener Sabaton dans de nouveaux territoires et faire découvrir notre univers à encore plus de gens.

Quelle est ta chanson préférée de l’album ?
Thobbe : Crossing the Rubicon, sans hésiter.

Puisque tout le monde a participé à l’écriture cette fois, y a-t-il eu un moment où l’idée de quelqu’un t’a vraiment surpris ?
Thobbe : Le processus d’écriture est assez fluide. Joakim est au centre, parce qu’il est claviériste et pianiste, très rapide et talentueux. En général, on travaille par petits groupes : Hannes et Joakim, Chris et moi, etc. On échange des idées, et souvent, une chanson en sort presque complète.

Si tu devais comparer le style d’écriture de chaque membre à une figure légendaire de l’album, qui serait qui ?
Thobbe : Oh, bonne question… Chris serait sans doute Dracula, Vlad Țepeș. Moi, peut-être Hannibal. Escalader une montagne géante, c’est dur ! (Rires) Pour les autres… je ne sais pas, mon cerveau fond, j’ai fait des interviews toute la journée ! (Rires)

Parmi toutes les figures légendaires évoquées sur l’album, qui survivrait le plus longtemps à un voyage en bus de tournée de Sabaton, et qui ne survivrait pas du tout ?
Thobbe : (Rires) Aucunes ! À moins qu’on ait Keith Richards, lui, il survivrait. Mais honnêtement, je pense qu’ils s’en sortiraient tous. On est plutôt tranquilles aujourd’hui, on ne boit même plus tant que ça.

Si tu pouvais jammer avec l’une de ces figures, qui serait le meilleur compagnon de groupe ?
Thobbe : Peut-être Dracula encore une fois. Chris serait sûrement son meilleur ami. Il y a une connexion naturelle entre eux.

Laquelle des chansons de l’album causerait, selon toi, le plus de chaos dans la vraie vie ?
Thobbe : J’espère qu’aucune ne provoquerait de chaos ! (Rires) Mais Hordes of the Khan a déjà causé un peu de désordre chez moi : mon fils de six ans et mon petit-fils ont une batterie et une guitare, et quand ils se mettent à jammer, le sous-sol ressemble vite à une loge de festival après un concert.

Quel est le plus grand défi pour garder la signature sonore de Sabaton tout en entrant dans une nouvelle ère ?
Thobbe : Franchement, ce n’est pas un défi. Si tu mets les cinq d’entre nous dans une pièce et que tu dis “Écrivez une chanson”, ce sera Sabaton. La recette est déjà là.

Les fans disent souvent que vos concerts ressemblent à des leçons d’histoire dans un mosh pit. Qu’aimerais-tu qu’ils ressentent en écoutant Legends ?
Thobbe : Puis-je dire “épique” maintenant ? (Rires) Je veux qu’ils ressentent quelque chose de grand, et qu’ils aient envie d’aller voir un concert de Sabaton après l’avoir écouté.

Parmi toutes les chansons que tu as enregistrées, laquelle t’a le plus mis à l’épreuve ?
Thobbe : Lightning at the Gates. Le solo est lent, et c’est parfois plus difficile qu’un solo rapide, parce qu’il faut rester concentré et maîtriser chaque nuance. C’est plus intime.

Si tu ne pouvais garder qu’une seule guitare pour représenter cet album, laquelle serait-ce ?
Thobbe : Celle-là ! (Il se lève pour aller la chercher.) C’est celle que je choisirais sans hésiter. Si je pouvais être dictateur, ce serait mon choix.

Imaginez que vous échangiez vos instruments le temps d’un concert. Qui s’en sortirait, et qui serait perdu ?
Thobbe : (Rires) Je mettrais Chris à la batterie, Joakim aux claviers, je chanterais, Hannes à la basse, et Pär à l’harmonica. Ce serait un nouveau son pour Sabaton !

Travailler sur cet album t’a-t-il poussé à réfléchir à ton propre héritage de musicien ?
Thobbe : Oui, un peu. En 2022, avant de réintégrer Sabaton, j’avais envisagé de sortir un nouvel album solo. Mais je me suis rendu compte que je n’avais plus grand-chose à dire en tant qu’artiste solo. Quand Sabaton m’a proposé de revenir, c’était une évidence. Musicalement et humainement, je me sens à ma place.

Si chaque morceau de l’album était une arme dans un jeu vidéo, laquelle serait la chanson du combat de boss ?
Thobbe : Maid of Steel. C’est une puissance inattendue, sournoise, plus forte qu’on ne le croit. (Rires diaboliques)

Quelle est la chose la plus “non-Sabaton” que vous ayez faite sur ce disque ?
Thobbe : On a collaboré avec un groupe local sur deux titres chantés en suédois. Je suppose que ça compte.

Si tu devais classer les légendes de l’album non pas par puissance historique, mais par “attitude rockstar”, qui serait numéro un ?
Thobbe : Dracula, encore une fois. (Rires)

Travailler sur ces figures t’a-t-il poussé à en apprendre davantage sur l’une d’elles ?
Thobbe : Oui, Hannibal m’a beaucoup fasciné. Joakim a écrit les paroles, mais après avoir lu et écouté la chanson, j’ai voulu en savoir plus.

Beaucoup de fans se déguisent en figures historiques à vos concerts. Laquelle aimerais-tu le plus voir dans la foule ?
Thobbe : Dracula, encore et toujours ! (Rires)

L’artwork de l’album, signé Peter Sallai, est saisissant comme toujours. Si la pochette était une affiche de film, quel genre de film serait Legends ?
Thobbe : Un film dans le style de Star Wars. Quelque chose comme Legendary Wars, tu vois ? (Rires)

Sabaton est connu pour raconter l’histoire à travers la musique. Le fait de plonger dans la vie de ces légendes a-t-il changé ta vision des héros modernes ?
Thobbe : Pas vraiment. Les légendes, c’est différent. Quand tu parles de gens qui ont vécu il y a deux mille ans, il est difficile de distinguer les faits du mythe.

Merci aussi pour la chaîne Sabaton History. Avec toutes les recherches que vous faites, quelle histoire t’a le plus surpris ?
Thobbe : Difficile à dire. Je crois qu’ils ont tous fait des choses choquantes à leur manière. Être une légende, c’est avoir marqué le monde, pas forcément pour de bonnes raisons. Le monde a toujours été cruel, et ce n’est pas si différent aujourd’hui.

Une dernière question avant ta pause !
Thobbe : Oh oui, j’ai eu à peine une minute entre deux interviews ! (Rires)
Tu vas en avoir un peu plus cette fois. (Rires)

Legends parle de figures dont l’héritage résonne des siècles plus tard. Qu’aimerais-tu que soit l’héritage de Sabaton dans 200 ans ?
Thobbe : Difficile à dire. Une légende, ça prend des siècles, voire des millénaires à devenir “certifiée”. Mais ce serait évidemment génial. Et j’espère que ce serait pour une bonne raison : parce qu’on raconte l’histoire, qu’on rappelle la cruauté de la guerre, et qu’on garde la mémoire vivante.

Pour moi, vous êtes déjà des légendes, honnêtement. J’adore votre groupe.
Thobbe : Oh, merci beaucoup.
Merci pour ton temps, c’était un vrai plaisir.
Thobbe : Merci à toi. C’était super amusant. À bientôt !

 

À travers ses réponses, Thobbe Englund laisse transparaître la passion et la cohésion qui animent Sabaton dans cette nouvelle ère. Fidèle à l’esprit du groupe, il mêle réflexion, humilité et enthousiasme, rappelant que, pour Sabaton, la légende ne se raconte pas seulement dans les chansons — elle se vit, sur scène comme en studio.