Wolrd Citizens, TREPONEM PAL

Wolrd Citizens, TREPONEM PAL

5 septembre 2025 0 Par Chacha

 

Il y a des groupes qui traversent les décennies sans jamais perdre leur mordant, et Treponem Pal fait partie de cette caste rare. Nés dans le fracas des années 80, pionniers de l’indus-metal hexagonal, les Parisiens ont toujours su allier la brutalité métallique à une approche tribale et hypnotique, flirtant tour à tour avec le punk, le dub ou l’électro. Avec World Citizens, sorti en septembre 2025, Marco Neves et sa bande signent un retour aussi rageur qu’inspiré, un manifeste sonore qui réaffirme leur statut d’« outsiders » incontournables et de voix contestataires dans un monde en perdition.

 

Une planète en flammes, un cri universel

La pochette de World Citizens frappe d’emblée : une Terre en surchauffe, déformée par des flammes et des éclats lumineux, comme si elle était prête à imploser sous le poids des crises contemporaines. Le visuel, à la fois apocalyptique et vibrant, illustre l’urgence qui traverse l’album : un monde fracturé mais toujours vivant, incandescent de colère et de révolte. Le choix de couleurs intenses — rouges incandescents, oranges brûlants et contrastes sombres — renvoie à la fois à l’énergie brute du metal industriel et à une vision prophétique d’une humanité au bord du gouffre. Cette imagerie, loin d’être purement décorative, agit comme un manifeste graphique : le citoyen du monde n’est plus spectateur, il est plongé dans un brasier planétaire dont il doit prendre conscience.

Aux sources du chaos : influences et genèse de World Citizens

Treponem Pal a toujours puisé son énergie dans un mélange abrasif de metal industriel, punk hardcore et dub, quelque part entre la froideur mécanique de Godflesh, les envolées bruitistes de The Young Gods et la rugosité contestataire de la scène alternative française. Pour World Citizens, le groupe assume encore plus son héritage : riffs lourds taillés dans l’acier, pulsations répétitives à la limite de la transe, et cette énergie frontale héritée du punk. Mais au-delà des références, l’album respire aussi les grooves urbains et les textures électroniques contemporaines, donnant une impression d’actualisation de leur ADN sonore sans renier leurs racines.

Le processus d’écriture a été pensé comme une catharsis collective, porté par Marco Neves et ses complices dans une démarche de jam et de confrontation directe en studio. Les morceaux se sont construits autour de riffs hypnotiques et de lignes rythmiques testées en boucle, affinées jusqu’à trouver le juste équilibre entre lourdeur métallique et tension organique. La production, confiée à Maz et finalisée par Maor Appelbaum, a accentué cette volonté d’un son massif mais clair, laissant respirer chaque instrument. Le résultat est un disque qui condense à la fois la spontanéité brute du groupe et une maîtrise artisanale, véritable manifeste de musiciens toujours habités par la rage et l’urgence.

World Citizens : un uppercut sonore entre rage et transe

À l’écoute de World Citizens, on traverse une succession de temps forts qui s’enchaînent comme des vagues d’adrénaline : l’ouverture frontale de Back In The Game impose d’emblée un souffle guerrier, suivi par l’incisif Holy Dirty Money qui dégage une colère sociale brûlante. Plus loin, Mind Control plonge dans une tension oppressante, où chaque riff semble marteler la perte de liberté, tandis que Humble Like The Lion relâche la pression par un groove presque dansant, invitant paradoxalement à la libération physique au cœur de la fureur. Enfin, des titres comme We Are One ou A Long Road apportent une dimension plus fédératrice et introspective, transformant la brutalité sonore en un appel à l’unité et à la résistance. On en ressort lessivé, galvanisé, le corps secoué par les rythmes et l’esprit nourri par une révolte lucide : un disque qui conjugue rage viscérale et énergie cathartique.

 

En définitive, World Citizens confirme que Treponem Pal n’a rien perdu de sa force subversive ni de son instinct créatif. Plus qu’un simple retour, c’est une affirmation d’identité : celle d’un groupe qui, près de quarante ans après sa formation, refuse de se répéter et continue d’inventer son propre langage sonore. À la fois rugueux, hypnotique et fédérateur, l’album s’impose comme un manifeste pour des temps troublés, où la musique devient autant un exutoire qu’un cri de résistance.