Alienation, THREE DAYS GRACE

Cet album marque un tournant majeur pour le groupe : le retour tant attendu d’Adam Gontier, chanteur originel, après onze ans d’absence. Il rejoint une formation désormais inédite à cinq membres, avec Matt Walst conservant également le micro, inaugurant ainsi une dynamique vocale à deux voix.

Aspect visuel

La pochette de Alienation illustre parfaitement l’état d’esprit du disque : une atmosphère sombre et oppressante, marquée par un univers graphique presque clinique, froid, mais profondément symbolique. On y retrouve des codes visuels de l’isolement et de la fracture intérieure, en cohérence avec les thématiques du disque (dépendance, solitude, malaise existentiel). L’esthétique choisie est volontairement dépouillée, presque stérile, comme pour accentuer le sentiment de vide et de perte de repères. Cela prolonge l’identité visuelle déjà forte du groupe, qui a toujours su traduire ses tourments en images marquantes.

Aspect musical

Musicalement, Alienation est un retour assumé aux racines post-grunge / alternative metal de Three Days Grace, mais enrichi par des touches modernes. Les guitares conservent leur rugosité incisive, la rythmique martiale soutient l’urgence des refrains, et la production est à la fois lourde et limpide.
Le fait d’avoir deux chanteurs (Adam Gontier et Matt Walst) donne une richesse nouvelle :

Adam, avec sa voix écorchée et vulnérable, porte la douleur brute et l’authenticité.

Matt apporte une énergie plus directe, un contrepoint mélodique qui dynamise les refrains.

Ce dialogue vocal est la vraie innovation de l’album : il ouvre un spectre émotionnel inédit pour le groupe.

Les titres phares

Parmi les morceaux phares d’Alienation, Dominate ouvre les hostilités avec un riff massif et une énergie brute taillée pour les concerts, tandis qu’Apologies, hymne fédérateur et déjà numéro 1 dans plusieurs pays, mélange intensité émotionnelle et efficacité radio. Mayday rappelle les grandes heures du groupe avec sa ligne de basse entêtante et ses refrains accrocheurs, alors que Kill Me Fast se démarque comme une ballade tendue, où l’émotion monte en intensité jusqu’à l’explosion finale. Plus loin, Another Relapse vient conclure l’album dans une atmosphère lourde et oppressante, confirmant la volonté du groupe d’explorer les zones les plus sombres de l’âme humaine, tandis que Never Ordinary, sublimé par le violon de Lindsey Stirling, apporte une touche inattendue et lumineuse qui enrichit l’ensemble.

Impact sur la scène rock

Three Days Grace a toujours eu une place singulière dans le paysage rock. Depuis le début des années 2000, ils incarnent une forme de rock accessible mais viscéral, à mi-chemin entre le grunge des années 90 et l’emo / alternative des années 2000.
Avec Alienation, ils réaffirment leur statut :

Un retour aux sources qui rassure les fans de la première heure.

Une modernisation de leur son qui les garde pertinents sur la scène actuelle.

Une preuve qu’ils peuvent évoluer sans trahir leur identité.

En 2025, dans une époque où le rock doit se réinventer, Three Days Grace démontre qu’ils sont encore capables d’inspirer et de rassembler.

Choix artistique

Le choix de réunir Adam Gontier et Matt Walst est audacieux : au lieu d’opposer passé et présent, le groupe décide de fusionner ses deux voix, ses deux époques. C’est un geste artistique fort, mais aussi profondément symbolique : l’union des cicatrices du passé et de l’énergie du présent.
Thématiquement, ils restent fidèles à leurs obsessions : douleur, lutte contre les démons intérieurs, recherche d’espoir dans l’ombre. Mais la manière de l’exprimer gagne en maturité. Là où leurs premiers albums étaient plus bruts et frontaux, Alienation ajoute une dimension introspective et presque cathartique.

Conclusion

Alienation est un pont remarquable entre l’authenticité du Three Days Grace d’antan et les aspirations contemporaines du groupe. Avec ses riffs incisifs, ses refrains accrocheurs, ses duos vocaux inspirants et ses paroles profondément humaines, l’album pose un nouveau jalon dans la discographie du groupe. Pour les fans d’hier comme pour les nouveaux venus, c’est un coup de maître — aussi percutant qu’émotionnel.