Heimat, HEAVEN SHALL BURN

 

Cinq ans après Of Truth and Sacrifice, Heaven Shall Burn revient avec Heimat, un album aussi puissant qu’engagé. Entre riffs massifs, mélodies accrocheuses et textes porteurs de mémoire et de révolte, le groupe allemand livre une œuvre qui conjugue rage, réflexion et énergie fédératrice.

 

Aspect visuel

La pochette, réalisée par Eliran Kantor, fonctionne comme un triptyque quasi religieux : un cerf dressé, symbole de rébellion et de nature indomptée, trône au centre.

Le visuel illustre bien le titre Heimat : une terre d’origine, un foyer spirituel, mais aussi un lieu de lutte et de mémoire.

Fidèle à l’esthétique de HSB depuis Iconoclast et Of Truth and Sacrifice, on retrouve ce mélange entre imagerie épique, presque sacrée, et un sous-texte militant.

En live, le groupe accentue cette force visuelle : projections vidéo, éclairages rouges et verts, iconographie antifasciste et écologiste — tout est pensé pour créer un univers total.

Aspect musical

Sonorité globale : Heimat reste dans la lignée du death metal mélodique/metalcore du groupe, avec un son massif, compact, et une prod soignée par Tue Madsen.

Riffs : tranchants, souvent mid-tempo écrasants qui alternent avec des envolées plus mélodiques façon Göteborg.

Batterie : extrême précision, blasts et double pédale ultra tendue, mais aussi passages plus groovy qui évitent la monotonie.

Chant : Marcus Bischoff délivre un growl abrasif et engagé, sans compromis.

Coups d’éclat :

Confounder : un hymne de solidarité, à la fois violent et fédérateur.

Dora : rouleau compresseur taillé pour la scène, évoquant Parkway Drive dans sa dynamique.

A Silent Guard : final plus froid, introspectif, avec une touche mélancolique.

La reprise de Killswitch Engage (Numbered Days, avec Jesse Leach) : clin d’œil aux racines du metalcore, mais aussi passage de flambeau symbolique.

Thèmes abordés

HSB reste politisé et humaniste : l’album n’est pas seulement une décharge sonore, c’est un manifeste.

Mémoire & résistance :

A Whisper From Above : hommage à Irene Gut Opdyke, résistante polonaise qui a sauvé des Juifs durant la Shoah.

Ten Days in May : récit du soulèvement sud-coréen de mai 1980.

Identité & foyer : le mot Heimat est volontairement choisi pour être inclusif, loin de toute récupération nationaliste. Il s’agit de parler de racines culturelles, de lutte, de communauté et de valeurs universelles.

Critique sociale et solidarité : beaucoup de morceaux abordent la révolte contre l’oppression, l’appel à l’union face aux injustices.

Impact sur la scène metal actuelle

Poids dans le metal européen : Heaven Shall Burn est aujourd’hui l’un des plus gros représentants du metal extrême engagé en Europe, capable de remplir des stades en Allemagne et d’être tête d’affiche dans les plus gros festivals (Wacken, Hellfest, Summer Breeze).

Crédibilité underground + succès mainstream : rares sont les groupes extrêmes à combiner autant de succès commercial (albums souvent dans le top 5 allemand) avec une crédibilité militante intacte.

Engagement militant : le groupe reste une figure unique dans la scène : végétariens, antifascistes, pro-écologie, ils n’ont jamais édulcoré leur discours. Cela leur confère une légitimité que peu de formations de cette envergure possèdent.

Influence : pour la jeune génération metalcore/deathcore, HSB représente un pont entre les racines suédoises du melodeath et la brutalité moderne, une preuve que l’extrême peut rester massif et fédérateur sans perdre son intégrité.

 

Conclusion

En résumé : Heimat confirme Heaven Shall Burn comme une force culturelle autant que musicale : un groupe qui ne se contente pas de balancer des riffs, mais qui propose une vision, un combat et une identité forte. Dans un metalcore souvent critiqué pour son manque de fond, HSB impose une cohérence totale entre le son, les visuels et les idées
Entre collaborations marquantes, morceaux frappants en solo (Dora, Confounder) et sujets forts, c’est une œuvre qui claque et qui laisse une trace durable.