Interview avec Paleface Swiss au Festival 666, 2025
20 août 2025 0 Par NinaLe Festival 666 accueillait cette année les Suisses de Paleface Swiss, groupe devenu incontournable sur la scène deathcore/hardcore européenne. Entre humour décalé, anecdotes improbables et réflexions sincères, Zelli, Yannick et Cassi se sont prêtés au jeu d’une discussion sans filtre. Résultat : une interview à leur image, explosive et pleine d’autodérision.
Alors, vous venez de Suisse — un pays souvent associé aux montagnes calmes, au chocolat… Mais votre musique est très brutale. Comment vous expliquez ça ? Comment vous trouvez l’équilibre ?
Zelli : Comment on trouve l’équilibre ?
Yannick : Est-ce qu’on trouve vraiment un équilibre ? (rires)
Cassi : On peut trouver l’équilibre comme un « meuh » mosh pit ou une collab ou un truc comme ça. (rires) Je sais pas.
Zelli : Est-ce qu’on trouve vraiment un équilibre, je veux dire, est-ce qu’on en a besoin… Comme tu dis, le pays est super calme, super beau. Et notre musique est très agressive. Je pense qu’on se retrouve au milieu, sans même essayer. Franchement, on écrit la musique la plus lourde chez nous, puis on sort du sous-sol et on est entourés par un lac ou je sais pas quoi. C’est magnifique. C’est un peu… ouais. Je sais que c’est drôle, mais je vois pas comment l’expliquer autrement. En Suisse, il n’y a pas beaucoup de trucs horribles sur lesquels chanter. Donc la haine vient d’ailleurs, pas du pays.
Yannick : Donc la haine vient du fait que le pays est trop paisible.
Zelli : (rires) Ouais, c’est genre : “Comment ça peut être aussi beau, bordel ?” Ça me rend fou, frère.
Yannick : Mais ouais. Bien dit.
Zelli : Je crois qu’il n’y a rien d’autre à dire.
Ok. C’est quoi pour vous le concert parfait ?
Cassi : (rires) Pas de problèmes fréquents…
Zelli : Pas de problèmes de son. Pas 36 degrés.
Cassi : Je sais pas. Je pense que ça dépend surtout de l’interaction avec le public. Tu peux avoir un concert mille fois plus cool dans un petit club de 200 personnes que dans une grande salle de 5 000 où tout le monde s’en fout. Pour moi, le public, c’est la partie la plus importante de ce qui fait un bon concert. Même si tu as des soucis techniques, si le public est incroyable, tu oublies tout.
Vous avez un souvenir complètement fou d’un concert, un moment improbable ?
Yannick : Il se passe toujours un truc. (rires) Une fois, je me souviens, il y avait un mec en fauteuil roulant qui a fait du crowdsurfing. C’était vraiment cool.
Zelli : Ah ouais ! Et après, à la séance de dédicace—
Yannick : Ouais, exact.
Zelli : Il voulait qu’on signe son fauteuil. (rires) C’était trop cool. Trop dingue. oui? ( a cassi)
Cassi : (rires) Désolé, je pensais juste à hier au Blaster, où quelqu’un avait… comment dire ? Un panneau cartonné de Mr. Bean, dans la foule. C’était super drôle.
Zelli : (rires) Franchement, ça m’a fait flipper. Au début j’ai cru que c’était une vraie personne. Genre super proche, super haut. J’étais là : “Mais c’est quoi ce bordel ?”
Cassi : Ouais, parce que ça a juste poppé de nulle part.
Zelli : (rires) Ouais, ça a surgi comme ça. Putain de Mr. Bean. (rires) Jésus. Ça m’a foutu la trouille mais c’était marrant.
Cassi : Ah, et au Mexique, quand tu as débarqué avec le masque de catch. J’étais pas au courant ! Tout à coup il débarque sur scène avec un masque de lutte mexicaine et moi j’ai complètement foiré ma partie parce que je riais et j’avais peur. (rires) J’ai dû me reprendre après. (rires) J’étais genre : “Mais pourquoi t’as fait ça ?”
Zelli : (rires) Ouais, en fait quelqu’un m’avait offert un masque de Lucha Libre au Mexique. Et comme j’adore le catch, j’étais trop content. Le lendemain soir, j’ai rien dit à personne. J’ai quitté la scène pendant qu’ils jouaient, et j’ai couru sur scène avec le masque. C’était trop marrant. (rires) Trop, trop marrant.
Si vous pouviez créer une tournée de rêve avec trois autres groupes, ce serait lesquels ?
Yannick : Chacun en choisit un.
Cassi : Behemoth.
Zelli : Billie Eilish.
Yannick : Ghost.
(rires) Ok. Et une collaboration de rêve avec un artiste ?
Zelli : Billie Eilish.
(rires) La même.
Zelli : (rires) Ok, je change. Je dirais Ed Sheeran.
Yannick : Ok. Moi je dirais Dua Lipa.
Cassi : Cypress Hill, moi je veux…
Yannick : (frappe dans ses mains) Facile. Bam. (rires)
Et quand vous composez un morceau, vous commencez par quoi ? Les riffs, les paroles ?
Yannick : Ça dépend.
Zelli : Ça dépend. Comme je sais pas jouer d’instruments, je viens toujours avec des idées de voix ou des patterns rythmiques dans ma tête. Je fais genre : “Hé Yannick, joue boum boum boum boum”, et il le joue, et c’est comme ça qu’on a construit nos chansons jusque-là. Maintenant, comme on a plus de temps, il prépare plein de riffs chez lui, et on les combine avec mes idées vocales, etc.
Et vous écrivez à partir de vos expériences perso ?
Zelli : Plus qu’avant, ouais. Le dernier album, c’était que des histoires personnelles. Avant, on prenait souvent des histoires de potes ou de gens qu’on connaissait et on les transformait en chansons. Mais plus on vieillit, plus on écrit sur nous-mêmes, parce qu’on a plus d’histoires à raconter.
Ok. Est-ce que vous vous censurez parfois dans vos textes ? Du style : “Non, ça je peux pas le dire.”
Zelli : Non, je dis toujours ce que j’ai en tête. Je suis pas très bon pour tourner les choses joliment. Quand je veux dire un truc, je le dis comme il est. C’est aussi comme ça que je parle à mes potes. Pas seulement sur disque. Je veux dire ce qui doit être dit. Parfois c’est beau de laisser un espace à l’interprétation, mais parfois j’ai juste envie d’être direct : “Voilà ce que je veux dire.”
Yannick : Et je trouve ça parfait.
Zelli : Hé, moi je trouve que t’es parfait.
Awww c’est mignon. (rires)
Zelli : (à Cassi) Toi aussi. (rires)
Cassi : Moi je suis juste là. (rires)
C’est quoi, pour vous, le plus gros cliché sur le hardcore, le deathcore et le metalcore ?
Zelli : Bonne question.
Cassi : “Oh, il chante, donc ça veut dire que…” (rires)
Zelli : Oui, exactement. C’est une vraie question, mais c’est clairement l’un des plus gros clichés.
Cassi : Carrément.
Zelli : La seule raison pour laquelle je ne chantais pas dès le début, c’est que j’étais pas assez bon. J’apprends à chanter. Sinon vous m’auriez déjà entendu. Et toi, c’est quoi ton plus gros cliché ? (à Yannick)
Yannick : Pfff. Je sais pas trop. Je trouve que le coup du chant clair, c’est un bon exemple. Sinon…
Zelli : Bah c’est comme dans tout. Si tu restes pareil : “Ils sont chiants, ils essayent de refaire comme avant.” Si tu changes : “Ah je les préférais avant.” Frère, sérieux.
Yannick : Ouais, les gens se plaignent toujours. (rires)
Zelli : Pas tout le monde. Franchement, notre fanbase est hyper ouverte. Ils comprennent qu’on fait ce qu’on aime et que ça nous rend heureux. Et je crois que les gens respectent ça, donc ça les rend heureux aussi. Ils nous voient pas comme un produit, mais comme des êtres humains. Ils nous disent : “Faites ce que vous voulez, tant que vous êtes heureux.” Et si c’est pas leur style, ben y’a d’autres groupes qui font ça mieux.
Yannick : Et puis on a tous les styles dans nos morceaux. Donc si les gens n’aiment pas les nouveaux, qu’ils aillent réécouter les anciens plus lourds.
Cassi : Ouais, et parfois y’a aussi des fans qui disent : “J’aime pas trop les nouveaux morceaux mais je continue de vous soutenir.” Concept fou, non ?
Zelli : (rires) Concept fou. Mais nos fans sont cools.
Cassi : Et puis je comprends aussi les gens qui réagissent comme ça. J’étais pareil avant : “Ah non, le nouveau son j’aime pas.” Mais les gens évoluent, surtout les groupes qui font ça depuis plus longtemps que nous. Tu restes pas la même personne toute ta vie, donc ce serait fake de refaire toujours la même chose.
Zelli : Surtout que j’avais 17 ans quand j’ai commencé ça. Évidemment que j’ai changé avec les années. Et bien sûr, j’ai gagné un peu en maturité. Donc laisse-moi chanter sur des fleurs, connard. (rires)
Cassi : Et puis y’a aussi la créativité, tu veux la sortir, quoi.
Dans cinq ans, vous voyez le groupe où ?
Zelli : On n’a pas déjà eu cette question ?
Yannick : Si.
Désolé. (rires)
Zelli : (rires) T’inquiète. Moi j’ai déjà répondu : sur scène avec Billie Eilish. (rires)
Cassi : Ah ouais, le premier farewell tour et le premier reunion tour après trois ans ?
Zelli : Exact. (rires) On sort Chapter 4, farewell tour, et trois ans après on revient pour—
Yannick : Gagner encore plus de thunes.
Zelli : Gagner encore plus de thunes. (rires) Quel concept. (rires) Mais sérieusement, on veut juste continuer à être heureux comme on l’est maintenant, faire la même chose, mais peut-être sur de plus grandes scènes et avec un peu plus d’argent.
Yannick : (rires) Exact.
Zelli : Et peut-être avec Billie Eilish.
Toujours avec Billie Eilish, j’ai compris. (rires)
Zelli : Toujours avec Billie Eilish, s’il vous plaît.
Si votre musique était un film d’horreur, ce serait lequel ?
Yannick : Ça c’est ta question.
Zelli : (rires) Ouais, c’est vrai.
Yannick : (montre son tatouage à Zelli)
Zelli : (rires) Montre-le à la caméra. (rires, applaudissements) House of 1000 Corpses.
Cassi : Ah ouais.
Zelli : Plein d’humour, plein de gore, mais aussi flippant et divertissant.
Cassi : Moi je dirais Terrifier.
Zelli : Je l’ai pas vu.
Cassi : Il est pas mal. (rires) Très drôle.
Zelli : Mais on a vu House of 1000 Corpses, nous deux.
Cassi : Ouais, et ce film est ouf.
Zelli : (à Yannick) Tu l’as vu ? C’est un film de Rob Zombie.
Yannick : Non, faut que je le voie.
Cassi : Bon ben il quitte l’interview maintenant pour aller voir le film. (rires)
Zelli : Et moi je vais regarder Terrifier en même temps, comme ça on pourra en discuter.
Un dernier mot pour vos fans français ?
Zelli : Pour les fans français. Pour les French fries. (rires) On les appelle French fries. What the flip ? Ou devrais-je dire “What the French ?” Tu sais, what the fuck ?
Cassi : Oh mon dieu. (rires)
Yannick : (à Cassi) C’est ton tour. Dis un truc gentil en français.
Cassi : Allez. Oui, donc je vais vous surprendre parce que je parle français et j’aimerais vous dire merci beaucoup. On a gardé l’interview en anglais pour que ce soit pas trop compliqué. Mais merci. Et j’ai découvert le vin de Bordeaux…
Donc ramenez du vin. (rires)
Cassi : Peut-être. Ouais.
Merci pour votre temps, les gars.
Zelli : Merci. Merci beaucoup.
Je vous souhaite le meilleur. (rires)
Zelli : Merci. Cool. C’était super.
Merci. Ouais. (rires) Je suis toujours stressée à mort.
Zelli : T’as super bien géré. (à Yannick) Tu voulais pas dire un truc ?
Yannick : Pour moi c’était la meilleure interview.
Oh merci !
Cassi : Ouais, c’était super sympa.
Zelli : Et t’avais vraiment de bonnes questions.
Yannick : Oui. Questions faciles.
Aww merci, mais je vais rougir. (rires) Merci encore pour votre temps les gars.
Conclusion :
Une rencontre pleine de sincérité, de fous rires et d’anecdotes improbables : Paleface Swiss prouvent qu’ils n’ont pas seulement la brutalité de leur musique, mais aussi une humanité et un humour qui les rendent uniques. Entre rêves de collaborations surprenantes, amour pour leurs fans et passion intacte, ils repartent du Festival 666 en laissant derrière eux autant d’énergie sur scène que dans cette interview.