All The Words, THROUGH THE VOID

All The Words : un premier cri pleinement maîtrisé

Avec All The Words, THROUGH THE VOID signe un EP qui étonne par sa maturité, sa cohérence et sa capacité à mêler urgence moderne et sensibilité brute. Entre rock alternatif tendu et metal mélodique habilement dosé, le groupe y déroule une vision claire : donner voix à l’indicible, aux combats intérieurs, aux fractures que l’on n’ose souvent pas nommer. Un premier opus court mais d’une densité rare, qui frappe autant par sa puissance sonore que par la sincérité de son propos.

Aux origines du vacarme : la genèse d’un EP cathartique

All The Words est né dans une période de creux et de remise en question, celle où les émotions se bousculent mais ne parviennent plus à s’exprimer. C’est cette tension que THROUGH THE VOID tente de canaliser : une volonté de transformer le chaos intime en énergie créatrice. Les cinq morceaux ont été composés dans un esprit quasi documentaire, comme une suite d’instantanés capturés au cœur de doutes persistants, d’emprisonnements psychologiques et de sursauts de lucidité.

L’EP se construit alors comme un parcours : de l’étouffement à la confrontation, puis enfin à la libération. Le groupe s’y montre à la fois introspectif et percutant, mêlant guitares acérées, refrains fédérateurs et une production qui laisse respirer l’émotion sans jamais sacrifier la puissance.

Combats intérieurs et éveils nécessaires : les thèmes au premier plan

Les textes gravitent autour d’un motif central : retrouver sa voix. All The Words explore la difficulté d’exprimer ce qui nous hante, la pression sociale, l’angoisse sourde, mais aussi la capacité de chacun à briser ses propres chaînes.

“Silent Cry” ouvre l’EP sous la forme d’un aveu : celui d’un cri intériorisé, jamais entendu. Le morceau alterne passages retenus, presque suffocants, et explosions vocales qui incarnent parfaitement cette guerre entre silence et vérité.

“Wake Up”, plus frontal, aborde le moment charnière où l’on décide d’arrêter de subir. Guitares incisives, batterie tranchante, chant déterminé : le groupe y marque son territoire avec un sens aigu du contraste et du crescendo.

“Listen” questionne notre rapport aux autres et au bruit constant de nos sociétés. Le titre adopte une dynamique quasi progressive, passant du murmure à la déflagration, rappelant que l’écoute véritable est devenue un acte de résistance.

Le fil rouge est clair : convertir la douleur en mouvement, l’introspection en élan.

Les titres phares : quand les mots frappent aussi fort que les riffs

Parmi les morceaux marquants, “Break Away” s’impose comme le pivot émotionnel de l’EP. Musicalement, c’est le plus libérateur : riffs ouverts, ligne vocale ascendante, refrain lumineux sans tomber dans la facilité. Le texte évoque la nécessité de rompre avec ce qui nous retient — qu’il s’agisse d’une relation toxique, d’une situation ou de nos propres pensées. On y sent la volonté du groupe de proposer une catharsis collective, portée par un sens mélodique déjà très affirmé.

“Tar Morning”, qui clôt le disque, est sans doute le titre le plus sombre, mais aussi l’un des plus beaux. Son atmosphère poisseuse et dense — comme un réveil dans un monde englué — renforce la thématique du poids quotidien. Les guitares y deviennent presque narratives, dessinant les contours d’un paysage émotionnel épais, tandis que la voix oscille entre résignation et éclats de révolte. Une conclusion aussi immersive que troublante.

Avec All The Words, THROUGH THE VOID livre un EP à la fois compact et généreux, profondément humain et musicalement solide. Le groupe parvient à faire cohabiter mélodie, intensité et introspection sans jamais perdre son identité, ni sombrer dans la surcharge. Plus qu’un simple premier projet, c’est une véritable déclaration d’intentions : celle d’un groupe qui a trouvé les mots — et les décibels — pour transformer ses failles en force.
Un début prometteur qui laisse entrevoir un avenir puissant… et très bruyant.