One More Time, AEROSMITH / YUNGBLUD

One More Time, AEROSMITH / YUNGBLUD

21 novembre 2025 0 Par Chacha

 

One More Time : le choc des générations qui embrase le rock

On ne l’attendait plus, et pourtant : One More Time marque l’une des collaborations les plus improbables et stimulantes de ces dernières années. D’un côté, Aerosmith, icônes du rock américain prêts à revisiter leur héritage dans un dernier sursaut créatif. De l’autre, Yungblud, électron libre à l’énergie punk moderne, figure de proue d’une génération qui refuse les étiquettes. Ensemble, ils livrent un album hybride, à la fois abrasif, vulnérable et chargé d’une urgence quasi testamentaire.

 

Le point d’impact : une alliance née dans la dissonance

L’idée d’une collaboration entre Steven Tyler et Yungblud aurait pu rester un simple fantasme de label. Mais c’est lors d’une session improvisée à Los Angeles, initialement prévue pour documenter la tournée d’adieu d’Aerosmith, que les premières étincelles ont jailli.
Tyler, fasciné par la verve brute et l’attitude féline de Yungblud, y a vu une énergie rappelant les débuts du rock de rue ; Yungblud, lui, a trouvé dans les vétérans un contrepoids solide, presque paternel.

De cette rencontre est née une direction artistique fondée sur le dialogue entre la rage juvénile et la sagesse écorchée, avec un objectif clair : revisiter le mythe Aerosmith à travers un prisme contemporain, sans nostalgie figée.

Cœurs cabossés et démons familiers : les thèmes d’un album cathartique

One More Time explore sans détour les fractures émotionnelles, l’addiction, les amours toxiques et la quête obstinée de rédemption.
L’écriture oscille entre la flamboyance baroque d’Aerosmith et la fragilité confessionnelle de Yungblud, donnant naissance à des textes d’une bipolarité assumée : exaltés et vulnérables, rageurs et romantiques, explosifs et introspectifs.

Musicalement, l’album mélange riffs bluesy, gros fuzz, touches glam, breakbeats modernes et une production qui oscille entre vintage organique et textures post-punk synthétiques.
Les deux univers ne s’affrontent pas : ils se complètent, parfois de manière chaotique, et c’est précisément ce qui fait le charme du disque.

Les titres phares : anatomie d’une collision sonore

“My Only Angel” – la confession électrique

Le morceau d’ouverture plante immédiatement le décor.
Porté par un riff gras à la Joe Perry et un refrain quasi emo hurlé par Yungblud, “My Only Angel” explore la dépendance affective sous son angle le plus sombre.
Tyler y glisse des harmonies vocales spectrales, tandis que le pont explose en un duel entre saxophone et guitare fuzz : une entrée en matière flamboyante et mélodramatique.

“Wild Woman” – hommage à la muse indomptable

Sans doute le titre le plus fédérateur de l’album.
“Wild Woman” croise la sensualité décadente d’Aerosmith version Pump avec une écriture plus brute : Yungblud raconte une relation addictive qui brûle plus qu’elle ne réchauffe.
Le refrain, porté par un chœur féminin gospel-blues, flirte avec les racines du rock. La production dense et la batterie claquante donnent au titre des allures de future pièce maîtresse en live.

“A Thousand Days” – la ballade toxique qui arrache le cœur

Ici, la collaboration atteint son sommet émotionnel.
Piano mélancolique, cordes abrasives, voix tremblante de Tyler en ouverture… puis l’entrée de Yungblud, presque en spoken word, renverse tout.
Le morceau parle de l’effritement d’un couple sur fond d’excès et de regrets, avec des images quasi cinématographiques.
Un titre conçu pour bouleverser autant qu’il impressionne techniquement.

“Back in the Saddle (2025 Mix)” – le passé recréé pour le futur

Clôturer l’album par un remix modernisé d’un classique d’Aerosmith n’est pas anodin : c’est un passage de flambeau.
Le morceau conserve son caractère sauvage, mais s’offre un dépoussiérage subtil : basses épaissies, couches électroniques discrètes, chœurs réenregistrés avec Yungblud pour une touche abrasive.
C’est à la fois un hommage, une mutation et une provocation.

 

Avec One More Time, Aerosmith et Yungblud signent un album qui ne cherche pas à plaire à tout prix, mais qui a le mérite d’être vivant, téméraire et profondément sincère.
Plus qu’une collaboration, c’est une rencontre entre deux époques du rock qui choisissent, le temps d’un disque, de crier ensemble leurs blessures et leurs derniers éclats de lumière.
Un pont générationnel, un cri du cœur, et peut-être la preuve que le rock n’a besoin que d’une chose pour survivre : des artistes prêts à prendre des risques.