Stray From The Path + Alpha Wolf + Graphic Nature @ L’Interference, Toulouse 30.05.25
14 novembre 2025 0 Par Fly_HxC
Le 30 mai 2025, l’annonce fait l’effet d’une bombe dans la scène Hardcore mondiale : STRAY FROM THE PATH, formation new-yorkaise ayant marqué ce milieu musical depuis presque 25 ans, profite de la release surprise de son 11ᵉ album pour annoncer que celui-ci sera le dernier… et que le groupe cessera d’exister fin 2025.
Une dernière tournée européenne est annoncée quelques jours plus tard, et en tant que gros fan du groupe, il m’était tout simplement impossible de louper une ultime occasion de les voir sur scène — surtout avec les Australiens d’Alpha Wolf sur l’affiche !
Direction donc l’Interférence à Toulouse (plus précisément Balma), salle fraîchement sortie de terre en février 2025 et pouvant accueillir jusqu’à 2 500 spectateurs !
Les retrouvailles avec les copains ayant un peu plus duré que prévu (et il faut aussi se l’avouer : l’envie de se poser après plus d’une heure passée dans ces foutus bouchons toulousains), nous arrivons sur place vers 20h45, juste à temps pour nous installer devant la scène et découvrir GRAPHIC NATURE, CALVA LOUISE ayant terminé leur set quelques minutes auparavant…
Le quintet anglais débute donc son concert à 20h50 tapantes, et le premier constat est que le son est tout simplement incroyable ! Le groupe nous distille un metalcore très proche de ce que peuvent proposer ALPHA WOLF, THROWN, DEALER et toute cette nouvelle vague musicale. La qualité sonore du lieu est absolument essentielle pour rendre justice à ce style.
Scéniquement parlant, le groupe est vraiment à l’aise ; on sent que la machine est déjà bien rodée. Le chanteur multiplie les interactions avec le public, très vite réceptif — la preuve avec le premier circle pit de la soirée, lancé dès le troisième morceau.
La setlist, qui s’enchaîne très facilement, est principalement axée sur leur premier album sorti deux ans auparavant — et c’est tant mieux : la plupart de leurs morceaux les plus efficaces en sont issus, comme l’excellent “Killing Floor”, véritable claque en live !
Le frontman profite d’une petite pause pour remercier sincèrement les gens d’être présents, de soutenir les groupes et de leur permettre de vivre de la musique, avant de lancer la suite du concert.
Les morceaux s’enchaînent, se ressemblent, et c’est bien là que le bât blesse : dans ce style, les compositions ont vite tendance à se ressembler. Malgré un début de show sur les chapeaux de roue, la tension commence à redescendre petit à petit dans le public.
Cela doit également se ressentir depuis la scène, car un deuxième circle pit est demandé, puis un wall of death, histoire de maintenir le lien avec l’audience — ce qui fonctionne parfaitement, chaque demande étant aussitôt exécutée, ravis que nous sommes de cet exutoire proposé par les Anglais en cette fin de semaine.
GRAPHIC NATURE termine son show sur “Fractured”, prend une dernière fois le temps de remercier chaleureusement le public, puis libère la scène pour permettre à leurs confrères australiens de s’installer.
Globalement, une excellente mise en bouche, très bien exécutée, malgré un côté un peu redondant dans les compositions. Disons que huit titres étaient largement suffisants avant que la prestation ne devienne monotone, ce qui n’aurait pas été juste au vu de sa qualité.
SETLIST
Headstone
Locked In
404 (SAMPLE)
Sour
N.F.A
Killing Floor
White Noise
Bad Blood
Fractured
21h40 : il est donc temps de laisser place à ALPHA WOLF !
Venu tout droit de Melbourne pour soutenir SFTP sur cette dernière tournée, autant vous dire que j’avais drôlement hâte de pouvoir ENFIN découvrir ce groupe en live, tant je les ai saignés sur ma platine et sur tous les supports audio possibles et imaginables.
Nous attendons donc religieusement au plus près de la scène le début du concert et… c’est directement la déception.
Là où le son avait été incroyable pour le groupe précédent, l’ingé a décidé de mettre à mal nos pulsations cardiaques en poussant à l’extrême le volume de la drum — notamment de la grosse caisse — transformant chaque tapis de double en véritable épreuve pour nos organismes.
Et bordel de merde, quelle frustration !
Le show est incroyable, le groupe au taquet, la setlist parfaite… tout était réuni pour passer un moment exceptionnel, mais il aura suffi d’un mauvais réglage pour rendre l’expérience bien moins plaisante.
Malgré tout, cela n’empêche pas le public d’être déchaîné et réceptif comme jamais, répondant favorablement à chacune des interactions de Lochie.
Même les refrains en chant clean sur “Pretty Boy”, que je craignais un peu, sont très bien exécutés. Le son de la batterie restera la seule vraie ombre au tableau.
Déjà cinq morceaux se sont écoulés lorsque le chanteur demande au public de séparer la fosse en deux sur toute sa longueur, puis de scander le fameux :
“You’re just a pussy in a black hoodie pushing your luck…”
annonçant leur titre phare “Sub Zero”, le wall of death déchirant littéralement l’Interférence dès les premières notes.
La suite de la setlist s’enchaîne dans la violence. Le frontman profite de l’énorme lâcher d’accords sur la fin de “Mangekyō” pour faire appel à toute la stupidité de son audience afin de se mettre joyeusement sur la gueule, le groupe proposant lui-même la mosh part la plus stupide de toute sa discographie, avant de terminer sur leur single “Akudama”, repris en chœur par un public survolté.
Énorme set, énorme attitude, énorme show.
Une seule chose à dire : vivement leur retour en France, et cette fois, avec un son optimal !
SETLIST
Ultra-Violet Violence
Creep
Pretty Boy
Feign
Acid Romance
Sub-Zero
Haunter
Mangekyō
Akudama
Enfin, nous y sommes.
La dernière fois que j’ai vu STRAY FROM THE PATH, c’était au Hellfest 2018, en plein après-midi sur une des Mainstages, pour une prestation relativement fade. Autant vous dire qu’en tant que très gros fan, j’attendais une vraie occasion de les revoir, ayant raté chacun de leurs retours dans l’Hexagone.
L’annonce de cette tournée d’adieu rend la date encore plus importante, et je ne vous cache pas que j’attendais le début du concert avec beaucoup d’appréhension, notamment après le son vraiment pas terrible d’ALPHA WOLF…
Mais mes craintes s’évaporent immédiatement avec les premières notes de “Kubrick Stare”, morceau d’ouverture du dernier album du groupe.
Dès le début du set, le public — pourtant épuisé du concert précédent — entre dans une sorte de transe et se laisse embarquer par l’énergie ultra communicative du groupe : frappe de mule de Craig Reynolds, coups de pied retournés de Drew York…
Aucun doute possible : malgré l’annonce de la fin, le groupe est là pour en découdre et savourer chaque instant.
Les morceaux s’enchaînent avec une efficacité hors du commun, sans perdre une once d’intensité : parfois ultra groovy, parfois ultra brutaux.
Les premiers rangs se lancent dans un karaoké géant lorsqu’il s’agit de hurler le cultissime “Shut the fuck up !” de “First World Problem Child”, ou encore le “Nazi Punks Fuck Off !” de “Good Night Alt-Right”, pendant que le pit se transforme en véritable zone de guerre : Drew multiplie les appels au circle pit, wall of death, stage dives… et le public exécute tout, donnant une dimension encore plus folle à un show déjà sous haute tension.
Entre deux titres, le chanteur prend le temps de remercier encore et toujours le public français pour son soutien, demandant de tout donner pour rendre cette dernière date inoubliable.
Pas de rappel : les 14 morceaux sont joués sans concession, sans un seul temps mort, puis vient déjà le moment de dire un dernier au revoir au groupe, en scandant tous en chœur une dernière fois le fameux “Firewalk With Me” du titre “Fortune Teller”.
Show incroyable donc de la part de STRAY FROM THE PATH, qui me laissera cependant un léger goût amer : d’une part concernant la setlist, principalement axée sur les deux derniers albums plutôt que de retracer leur discographie complète (ce que font habituellement les groupes sur des tournées d’adieux), et d’autre part avec cette question qui restera sans réelle réponse : pourquoi, alors que le groupe semble actuellement à son prime, tant la prestation à laquelle nous avons assisté ce soir était folle, ont-ils pris cette triste décision de mettre fin à leur carrière ?
Je continuerai néanmoins à écouter leurs albums avec un immense plaisir, à repenser à toutes les fois où j’ai pu les voir, notamment à la Marquise à Lyon en 2013 en première partie de Deez Nuts et The Ghost Inside, et surtout à me dire que j’ai pu assister à un formidable concert sur leur dernier run européen !
SETLIST
Kubrick Stare
III
First World Problem Child
Shot Caller
Fuck Them All to Hell
Can’t Help Myself
Goodnight Alt-Right
Chest Candy
Can I Have Your Autograph?
Needful Things
May You Live Forever
Clockworked
Guillotine
Fortune Teller
En sortant de l’Interférence ce soir-là, un mélange étrange de satisfaction totale et de nostalgie anticipée m’a accompagné jusqu’au parking. Trois groupes, trois ambiances, trois manières différentes de mettre le public à genoux — mais une seule certitude : assister à l’un des derniers concerts de STRAY FROM THE PATH restera gravé longtemps dans ma mémoire. Malgré les imperfections techniques, malgré les choix de setlist parfois frustrants, cette date toulousaine a rappelé ce que le hardcore peut offrir de plus précieux : de l’énergie brute, de la sincérité, du partage et des moments de pure communion. Si cette tournée marque la fin d’une ère, elle rappelle surtout pourquoi ces groupes comptent autant pour nous. Et en refermant cette parenthèse électrique, on ne peut qu’espérer que, quelque part, cette dernière danse donnera envie aux générations futures de continuer à tout casser sur scène, comme ce soir.
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