Faded Intentions, FALSE REALITY
14 novembre 2025 0 Par Chacha
Quand les certitudes se fissurent : un premier album qui refuse les illusions
Avec Faded Intentions, FALSE REALITY signe un premier album coup de poing, sombre et viscéral, où les murs entre perception et vérité s’effritent morceau après morceau. Le groupe, qui façonne un metal moderne chargé de tension émotionnelle, plonge ici dans une introspection frontale, questionnant l’identité, la mémoire et les simulacres qui sculptent notre vision du monde. L’ensemble forme un voyage crépusculaire, abrasif et lucide, qui place immédiatement FALSE REALITY parmi les formations émergentes les plus prometteuses de la scène alternative.
Genèse d’un monde fracturé
Doutes, éveils et illusions brisées
Conçu durant une période où les membres du groupe naviguaient entre instabilité personnelle et besoin de renouveau, Faded Intentions porte la marque d’une création à vif. L’album explore l’idée que nos intentions — jadis fermes, lumineuses — finissent par s’estomper sous le poids des compromis, des peurs et de la désinformation.
Dans “Mirror”, l’un des titres centraux de cette thématique, le groupe interroge le double intérieur : celui qui nous juge, nous ment et nous enferme dans une version de nous-mêmes dont nous ne sommes plus sûrs. Le morceau alterne riffs tranchants, refrains expansifs et un spoken-word inquiet, véritable pivot émotionnel du disque.
Une descente maîtrisée dans le chaos émotionnel
Torsions rythmiques, ambiances glacées et lyrisme corrosif
Après l’ouverture atmosphérique “Intro”, la première gifle survient avec “Frozen”, qui installe immédiatement la signature du groupe : une rythmique syncopée, un chant oscillant entre fragilité contenue et agressivité libérée, et une production dense qui laisse pourtant respirer chaque instrument. Les paroles évoquent l’immobilité forcée, ce moment où l’on réalise que l’on a cessé d’avancer sans s’en rendre compte.
“Snake Eyes” vient ensuite renverser la table avec une dynamique plus nerveuse : riffs serpentins, montée progressive puis explosion cathartique. Le texte joue sur la métaphore du jeu truqué, symbole d’une vie où tout semble décidé avant même que l’on lance les dés.
Plus loin, “Sonder” se distingue comme la respiration mélancolique de l’album. Porté par une ligne de guitare éthérée et un chant plus retenu, il traite du vertige de comprendre que chaque personne cache un monde intérieur insondable. Un morceau introspectif qui étend l’album vers une sensibilité presque post-rock.
Enfin, l’un des sommets du disque : “Cranium”, morceau abrasif, rythmé par des ruptures soudaines et un refrain imparable. Ici, FALSE REALITY plonge dans la surcharge mentale, les pensées qui s’entrechoquent jusqu’à la douleur. C’est probablement le titre le plus représentatif de l’équilibre qu’ils trouvent entre violence et émotion brute.
Climax et ultime bascule
Quand le réel se délite pour de bon
Le dernier tiers de l’album voit les frontières s’effacer davantage : “Worth It” questionne le sacrifice de soi, “Cost Of Spite” se vautre dans un ressentiment assumé, tandis que “The Further” ouvre une perspective presque cinématographique, comme une plongée dans un tunnel mental dont on ne sait pas vraiment sortir.
La conclusion, “Every Gaze”, referme le disque avec une intensité contenue. Le morceau s’articule autour d’un crescendo émotionnel puissant, où le groupe semble admettre qu’au-delà de toutes les illusions brisées, il reste les regards que l’on croise, ceux qui nous façonnent malgré nous. Une fin poignante, suspendue, qui laisse résonner les interrogations semées tout au long de l’album.
Avec Faded Intentions, FALSE REALITY livre un album dense, cohérent et profondément humain. Entre riffs incisifs, atmosphères glacées et paroles ciselées, le groupe réussit à explorer les failles de la perception moderne sans sombrer dans la redite ou la démonstration gratuite.
Un premier long-format qui marque durablement et qui place FALSE REALITY comme un nom à suivre, tant pour la force de son propos que pour la maturité de son écriture musicale.


