Saudade, DEEZ NUTS
31 octobre 2025 0 Par Fly_HxC
Comme ils le disaient déjà 17 années en arrière en ouverture de l’album STAY TRUE, “DN is back”, avec un 7ᵉ album sobrement intitulé SAUDADE, mot portugais n’ayant pas d’équivalent à proprement parler en français, illustrant un sentiment de profonde et intense mélancolie, un désir ardent pour une personne, un objet, un lieu ou encore une époque.
DEEZ NUTS sont donc de retour sous un nouveau line-up, avec notamment Poli, chanteur du groupe portugais DEVIL IN ME, au poste de bassiste, vacant depuis la brusque disparition de Sean Kennedy en février 2021, et Jessee derrière les fûts, officiant également dans NO WARNING et HEADSTONES.
Un Américain, un Portugais, un Canadien et un Australien entrent en studio, et non, ce n’est pas le début d’une mauvaise blague, mais bien d’une nouvelle ère pour ce groupe phare de la scène HxC, accompagné pour la 4ᵉ fois par Andrew Neufeld de COMEBACK KID à la prod, présent à leurs côtés depuis l’incroyable WORLD IS BOND, sorti 10 ans plus tôt.
L’album s’ouvre sur le titre “ICU”, sigle signifiant “soins intensifs” en anglais, un morceau dans l’ADN pur du groupe, traitant des addictions, un sujet que connaît que trop bien JJ Peters.
Autrefois adepte du DTD (Drink Till Death) ainsi que de la consommation de stupéfiants à outrance, ce dernier a fait le choix d’une vie bien plus rangée suite au départ de son ami de toujours, SK.
Néanmoins, une vie plus calme n’est clairement pas synonyme de mollesse musicale, bien au contraire, et je dois vous l’avouer : ça fait foutrement plaisir de retrouver un DEEZ NUTS tout en puissance, là où l’album précédent avait vraiment divisé par son côté plus calme et mélodique, à grand renfort de chant clair dont on se serait allègrement passé.
Sur cette nouvelle release, DN renoue avec le hardcore bien racaille de la période WORLD IS BOND, comme l’illustrent parfaitement les morceaux “KILL THIS SHIT” et “MISS ME WITH THAT”, ou encore les hymnes à l’amitié façon époque STAY TRUE avec le titre “5 GOLD CHAINS”.
Mais SAUDADE ne se limite pas à un retour aux bases : il explore, questionne, ose.
“RUSSIAN ROULETTE” dévoile une vulnérabilité rare, où l’ego bravache laisse entrevoir ses fissures. Le morceau alterne entre chant clair fragile et tension hardcore, comme une lutte interne mise à nu.
Même logique pour “UNCUT GEMS”, qui commence tout en retenue, presque fragile, avant de replonger dans des riffs nerveux ; un morceau qui semble volontairement tiraillé entre émotion brute et instinct de survie.
Parmi les moments forts, impossible de passer à côté de “HANG THE HANGMAN”, avec Andrew Neufeld en guest (quitte à l’avoir avec eux en studio, autant le faire de nouveau participer à un titre !), un morceau agressif, tendu, où les voix se répondent avant un breakdown absolument monstrueux.
“GOD DAMN”, de son côté, casse les codes : plus chanté, presque punk-rock, il divisera probablement, mais prouve surtout que DN peut sortir de sa zone de confort sans trahir son identité.
L’album se referme avec “COLD SWEAT”, introduit par une section instrumentale évoquant subtilement “SYMPTOMS + CURE” de COMEBACK KID. Une atmosphère chargée d’émotion avant que le titre n’explose pour aborder une fois encore la thématique des addictions. Le morceau s’achève sur un dernier appel à l’aide, profondément marqué par la mélancolie qui donne son nom à l’album.
Les critiques convergent : SAUDADE est un album de maturité, comme un retour inspiré, honnête et puissant. Un équilibre rare entre hardcore brutal et introspection sincère, plus dense émotionnellement mais toujours viscéral. Certains y verront un léger apaisement, d’autres une évolution naturelle.
DEEZ NUTS ne jouent plus seulement pour faire la fête : le groupe parle désormais de pertes, de souvenirs, d’identité, de loyauté, de fragilité, de rage contenue, et signe ici l’un de ses projets les plus humains, un album qui respire la loyauté, la mémoire et la résilience.


