All My Angels, SPEED
23 octobre 2025 0 Par Fly_HxC
Un peu plus d’un an après la sortie de leur premier et unique album “ONLY ONE MODE”, et après avoir parcouru le globe en long, en large et en travers, le phénomène hardcore australien SPEED revient avec un tout nouvel EP intitulé “ALL MY ANGELS”.
Cet EP de trois titres prend vie dans un contexte un peu particulier, et cela se ressent dans la composition (mais on y reviendra un peu plus tard).
“ALL MY ANGELS” est donc un triptyque intense et viscéral, dédié à trois amis proches — Aje Chang-Wook Yeo, Tahmid Nurullah et Alex Arthur — disparus ces dernières années. Des pertes qui ont profondément marqué la communauté du groupe, mais qui ont aussi cristallisé ce qui fait le cœur battant de SPEED : aimer sans mesure, sans peur, sans réserve.
Ces dernières années, le groupe a dû apprendre à composer avec le deuil tout en poursuivant la route. Le chagrin s’est invité dans les vans surchauffés, sur les autoroutes étrangères, entre deux concerts, parfois même au cœur de festivals démesurés devant des foules de 15 000 personnes. Derrière les succès, les trophées, les cris du public, la douleur, elle, ne s’est jamais tue.
Et musicalement, ça se ressent : on s’éloigne de cette patte un peu plus “travaillée” qu’on pouvait retrouver sur “ONLY ONE MODE”.
Les compositions sont plus brutes, plus agressives, et on ressent vraiment ce besoin de décharger toutes ces émotions liées à ces deuils, avec, en parallèle, cette nécessité de poser les bases en revenant aux fondamentaux des “vrais” liens sociaux : l’honnêteté et la sincérité.
“AIN’T MY GAME” ouvre “ALL MY ANGELS” sur une déclaration frontale.
Pas d’intro, pas de détour : le morceau déboule comme une claque. SPEED y règle ses comptes avec les faux-semblants, les visages lisses, les discours creux. C’est un avertissement lancé à ceux qui trahissent les valeurs que le groupe défend depuis ses débuts — loyauté, franchise, unité.
Le ton est posé dès les premières secondes : brut, sec, sans compromis. La fin du morceau devient presque tribale, avec ce riff primitif martelé comme un cri de guerre. Rien de technique, rien de démonstratif : juste une énergie brute, viscérale, taillée pour le pit. Une manière de dire : on ne se laissera plus manipuler, et s’il faut aller au contact, on le fera.
Puis arrive “PEACE”, premier single de l’EP, et sans doute l’un des morceaux les plus chargés émotionnellement du groupe. Dès les premières secondes, on sent la tension, la retenue avant l’explosion. La voix démarre seule, presque à vif, avant qu’une rythmique punk survienne comme une décharge électrique.
C’est la colère, la frustration, l’incompréhension — tout ce chaos intérieur qui remonte à la surface après la perte d’un proche. SPEED ne cherche pas à enjoliver la douleur, il la crache telle qu’elle est : brute, désordonnée, vivante. Puis, à mesure que le morceau avance, quelque chose change.
La tempête se stoppe brusquement, les chœurs quasi-religieux font office de fracture. La rage se transforme en lumière.
La fureur devient respiration. Le groove reprend le dessus, plus aérien, plus fluide, symbole d’une paix enfin entrevue.
Le clip traduit parfaitement cette transition : d’abord enfermé dans des plans serrés et sombres, le cadre s’élargit peu à peu. Une colombe s’élève, la caméra bascule à l’extérieur et tout à coup, on respire : le chaos a laissé place à la clarté.
Enfin, “ALL MY ANGELS” referme l’EP comme une prière rugueuse. Le titre éponyme revient au cœur du deuil collectif, mais ici, il ne s’agit plus seulement de pleurer. Il s’agit de continuer. De transformer la peine en mouvement. Le morceau est dépouillé, presque minimaliste : riffs tendus, voix à vif, rien de trop. Chaque mot pèse, chaque silence respire.
Et quand tombe la dernière phrase « All my angels, I can’t give up », celle-ci résonne comme un cri de résistance, une promesse de continuer à vivre, même les yeux embués.
“ALL MY ANGELS” se termine là où tout commence : dans la douleur, mais avec la tête haute. Trois titres seulement, mais assez pour tout dire — la perte, la rage, la résilience. SPEED transforme le deuil en carburant, la peine en énergie pure, et livre un hardcore à la fois brutal et profondément humain. Parce que parfois, survivre, c’est déjà se battre.


