Interview avec Komodrag & The Mounodor au Raismes Fest 2025
8 octobre 2025 0 Par YugKOMODRAG & THE MOUNODOR a mis le feu sur la scène (et dans le public) du Raismes Fest. Rencontre avec les guitaristes Slyde et Goudzou après leur prestation remarquée.
Revenons en arrière. Est-il vrai que tout commence par une jam en 2019 entre les groupes KOMODOR et MOUNDRAG ? Expliquez-nous cela.
Slyde : Nos chemins se sont croisés à plusieurs occasions avec MOUNDRAG et l’idée nous est venue de faire quelque chose ensemble, car nous évoluons dans des univers similaires. On leur a proposé de faire une jam et il y a tout de suite eu une connexion musicale et humaine. Très rapidement, c’est devenu une évidence de faire des dates ensemble.
Pendant la période du Covid, nous avons commencé à travailler sur des titres que nous avons partagés avec Jean-Louis Brossard, programmateur des Transmusicales de Rennes, qui nous a programmés sur le festival. C’est ce qui a vraiment lancé le projet. Ensuite, nous avons enchaîné avec une tournée, puis l’album.
Goudzou : La rencontre humaine avec Camille et Colin a été tellement intense que tout est venu rapidement. Nous partageons avec eux un esprit d’entraide qui profite à tout le monde et permet à la scène musicale locale (ndr : Douarnenez) de proliférer.
Vous évoquiez votre concert aux Transmusicales. Comment vous êtes-vous retrouvés à l’affiche de ce festival en 2021 sans avoir publié le moindre album ?
Goudzou : Après une soirée arrosée avec Jean-Louis Brossard (rires). Il nous a proposé d’être à l’affiche du festival en nous donnant carte blanche pour un set d’1h30. Nous pensions qu’il parlait de l’édition de l’année suivante, mais quand nous avons appris qu’il s’agissait de celle à venir, on s’est dit : “Putain, on a 4 mois pour composer des morceaux et créer un show complet.”
Un bon test pour voir si cela fonctionnait vraiment entre vous.
Goudzou : Totalement. Tu vois si tu as les bons compagnons avec toi.
Slyde : C’était compliqué de faire coïncider tous nos emplois du temps, en plus de nos vies de famille et de nos jobs respectifs, mais nous y sommes parvenus, et le résultat a donné l’album Green Fields of Armorica.
Goudzou : Tous les titres ont été composés à ce moment-là, hormis Marie France, qui a été écrite en studio.
Votre album, Green Fields of Armorica (2023), bénéficie d’une production très organique. Comment avez-vous obtenu ce résultat ?
Goudzou : Tout a été enregistré live, tous ensemble dans la même pièce, car on voulait conserver ce côté vivant qui nous caractérise.
Votre nom circule de plus en plus et vous vous êtes retrouvés à l’affiche d’autres festivals prestigieux (Hellfest, Vieilles Charrues…). Comment expliquez-vous cet engouement autour du groupe ?
Goudzou : Beaucoup de programmateurs ont été séduits par notre projet à l’issue des Transmusicales. Mine de rien, je trouve aussi qu’il y a un retour du rock en France.
Slyde : Il nous est arrivé d’être programmés dans des festivals mainstream orientés rap ou électro. Tu ne sais pas à quel accueil t’attendre, mais les gens sont finalement séduits par l’aspect festif du projet.
Goudzou : Parfois, il nous arrive de nous demander ce que l’on fout là (rires). On bénéficie de coups de cœur de programmateurs qui ont souvent une âme rock en eux, et tant mieux pour nous. C’est surprenant de rencontrer des jeunes qui viennent nous dire que c’était leur premier concert de rock et qu’ils ont kiffé.
Slyde : Cela fait plaisir de réussir à toucher un public qui n’écoute pas notre style de musique. Ici, au Raismes Fest, ce sont des aficionados qui viennent, et nous partageons les mêmes références. C’est un autre type d’échange, mais tout aussi sympathique.
Goudzou : Être programmé à un festival comme le Raismes Fest est une bouffée d’air frais, car c’est plus notre came. Mais tourner dans des milieux différents nous permet de faire des découvertes et d’apprendre de nouvelles choses. C’est très enrichissant. Le plus important reste de donner du plaisir aux gens, quelle que soit l’affiche.
Slyde : Je pense que les gens ont envie de voir des groupes moins formatés, avec davantage de folie et de légèreté, et c’est ce qui les séduit dans notre approche.
Goudzou : On débarque avec notre attitude nonchalante et on reste fidèles à ce que nous sommes. Hors de question de se remettre en question pour essayer de plaire à un public.
KOMODRAG & THE MOUNODOR, c’est 7 musiciens sur scène, dont 2 batteurs. Ce doit être un vrai casse-tête en termes de logistique ?
Goudzou : Surtout pour tout ranger dans le camion dans lequel nous devons tenir à neuf, par manque de budget. Mais il n’y a pas de casse-tête, car on parvient toujours à trouver une solution. Si demain nous devons jouer dans un bar minuscule, on s’adapte.
Slyde : Nous l’avons fait il y a deux semaines : il a fallu poser l’orgue sur le bar, et ça fonctionne. Nous sommes là pour le fun.
Comment s’articule le jeu des batteurs entre eux ? Comment font-ils pour se synchroniser ? Ils jouent au clic ?
Slyde : Il n’y a pas de clic. C’est uniquement beaucoup de travail pour réussir à jouer à l’unisson.
Goudzou : C’est leur problème, on en profite pour fumer une clope lorsqu’ils bossent leur truc (rires).
D’où vous vient cette attirance pour le rock 70’s alors que vous êtes bien trop jeunes pour avoir connu cette époque ?
Slyde & Goudzou : Nos parents, puis nos amis.
Goudzou : C’était une période fun. Pas dans tous les domaines, mais les looks, les décos, ça respirait la joie de vivre. Il y avait du soleil et des couleurs. Maintenant, tout le monde s’habille de manière identique, tout est aseptisé et gris.
Slyde : Tout est plus morose aujourd’hui. Chaque époque a ses problèmes, mais il y avait encore de nombreux mouvements libertaires et contestataires dans les années 70. Nous avons envie de reprendre ces codes et d’essayer d’apporter un peu de joie aux gens qui viennent nous voir.
Vos compositions sont des remèdes à la morosité ambiante. Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Slyde : On écoute les standards des années 70, car nous sommes fans de l’esthétique musicale de cette époque. Cela va du rock sudiste des Allman Brothers à Status Quo, Deep Purple, en passant par le glam, Sweet et les premiers Alice Cooper. On essaie de puiser dans toutes ces influences pour composer nos propres morceaux.
Goudzou : Nous n’essayons pas de ressembler à tel ou tel groupe lorsque nous composons. Si le riff est bon et les paroles aussi, alors on envoie. À la base, ce groupe est une blague et nous sommes là pour prendre du plaisir en jouant du rock. Mais nous travaillons beaucoup pour parvenir à ce résultat.
Vos vidéos sont souvent décalées, pleines d’humour et toujours très soignées, tout comme votre look très typé. L’image est importante pour vous ?
Slyde : Nous sommes comme cela au quotidien, avec juste un peu moins de paillettes (rires).
Goudzou : Me concernant, il y a une envie de briller et de me mettre en condition en revêtant un costume de scène. Je deviens un autre personnage lorsque je suis sur les planches et je ne contrôle plus rien.
Vous avez publié deux titres en 2024 : “Stone in the Field” et “Ready for the Boogie”. Un nouvel album est-il prévu prochainement ?
Slyde : L’envie est là, mais dans l’immédiat, nous nous consacrons à nos groupes respectifs. Les albums de KOMODOR et MOUNDRAG vont sortir sous peu (ndr : courant janvier pour Komodor et octobre pour Moundrag), et nous allons ensuite tourner pour les promouvoir. Mais il est prévu d’enregistrer un autre album de KOMODRAG & THE MOUNODOR.
Comment se passe le processus de composition au sein du collectif ?
Goudzou : Beaucoup de jams.
Slyde : Cela varie et dépend aussi du temps que chacun peut avoir de son côté. On compose aussi en petit groupe de trois ou quatre, jamais les mêmes. Cela permet à chacun de proposer des idées et de travailler sur des ébauches de titres avant de se retrouver tous ensemble en résidence. Le fait d’être nombreux nous a aussi obligés à créer de l’espace pour chacun, que ce soit sur scène ou en studio. Cette dynamique que nous avons réussi à créer profite aussi aux deux groupes.
Lorsque vous composez, est-ce que vous vous demandez pour quel groupe ce titre convient le mieux ?
Slyde : Cela s’est déjà produit. Même si les groupes sont de la même veine, on sent si cela convient plus à tel projet qu’à un autre.
Goudzou : Les ébauches de riffs que nous avons pour le prochain disque de KOMODRAG viennent de jams entre nous. Donc, on ne se pose pas la question de savoir quel groupe l’utilisera.
Est-ce que le succès de ce side-project fait de l’ombre à vos groupes respectifs ou permet de les mettre en lumière ?
Slyde : Je pense que les différents projets s’autoalimentent.
Goudzou : Ce sont des horizons différents. MOUNDRAG devrait évoluer vers un style plus metal, psyché, alors que KOMODOR continuerait dans le rock de club, dans la lignée de ce que KOMODRAG a proposé. Mais qui sait ce que nous ferons lorsque nous nous retrouverons tous ensemble ?
KOMODRAG & THE MOUNODOR poursuit sa route sans calcul, guidé par le plaisir de jouer et une énergie contagieuse. Entre spontanéité, humour et passion pour le rock des seventies, le collectif breton réussit le pari de fédérer un public toujours plus large sans renier ses racines. Une belle preuve que la sincérité, la liberté et la camaraderie peuvent encore faire vibrer les amplis… et les cœurs.