Coma, REVNOIR

Coma, REVNOIR

5 septembre 2025 0 Par Chacha

 

Un EP qui tranche dans le vif

Avec Coma, REVNOIR signe un EP viscéral, ciselé comme une lame froide, oscillant entre rock sombre, metal alternatif et éclats post-hardcore. Cinq titres pour ausculter l’esprit humain au bord de la rupture, cinq pas dans un tunnel où la voix, tantôt éthérée, tantôt incandescente, sert de fil conducteur. L’EP frappe par sa cohérence, mais surtout par sa capacité à mêler violence contenue et mélodies spectrales. REVNOIR ne cherche pas ici à plaire : il expose, il dissèque, il tranche.

 

À l’orée du gouffre – La genèse d’un EP introspectif

Créé dans un moment charnière, Coma semble naître d’un besoin de purge. REVNOIR s’y confronte à des états émotionnels extrêmes : fatigue mentale, désillusion, perte d’identité. L’écriture se veut brute, presque instinctive, comme si chaque ligne avait été arrachée à un esprit saturé. Musicalement, l’EP met en tension des productions propres, presque glaciales, avec des éclats de guitares tranchantes et des rythmiques pesantes. On évolue sans cesse entre retenue et implosion, comme dans un coma éveillé dont on ne parvient pas à s’extraire.

Les thèmes : une plongée dans un esprit fracturé

Coma explore un état mental instable, comme si REVNOIR ouvrait un journal intime écrit en pleine crise. L’EP navigue entre silence oppressant, colère brute et recherche désespérée d’un renouveau. Chaque morceau représente une étape émotionnelle :

Into Quiet symbolise le moment où tout se fige, où l’on se retrouve face à soi-même dans un calme anormal, presque menaçant.

Crève traduit le rejet de soi, l’autodestruction qui gronde quand les pensées deviennent trop bruyantes pour être contenues.

Revenge marque une bascule : la colère ne se retourne plus seulement vers soi, mais devient une énergie de revanche, un mouvement vers l’extérieur.

New World imagine une échappatoire, une reconstruction fantasmée qui vacille entre espoir et désillusion.

Night Terror, enfin, ramène l’auditeur dans les couloirs sombres de la psyché, là où les peurs prennent forme et vous réveillent en sursaut.

Ce qui frappe, c’est la manière dont REVNOIR mêle introspection personnelle et imagerie presque cinématographique. Les mots sont simples, directs, mais chargés de tension, parfois en français pour renforcer l’impact, parfois en anglais pour ouvrir la porte à l’abstraction. L’ensemble forme une cartographie émotionnelle cohérente, comme un cycle de crise qui se referme sur lui-même.

Les titres phares : une intensité qui monte et qui ne lâche jamais

Musicalement, Coma repose sur un équilibre entre rage et fragilité, et chaque morceau révèle une facette différente de cette tension. Into Quiet installe immédiatement le climat : un souffle froid, des nappes éthérées, une voix suspendue comme si elle chuchotait depuis une pièce vide. On ressent déjà que quelque chose couve dessous.

Cette chose explose dans Crève, morceau le plus frontal de l’EP. Les guitares y deviennent abrasives, la batterie martèle sans concession et le chant se transforme tantôt en plainte, tantôt en cri. Le texte, en français, frappe fort : ce choix linguistique rend chaque mot plus coupant, chaque image plus viscérale.

Avec Revenge, REVNOIR durcit le ton mais avec plus de contrôle. Le groove se fait plus affirmé, les riffs plus resserrés, et le refrain impose un côté hymnique, presque fédérateur. Le morceau incarne la réappropriation de soi, comme si la tempête intérieure trouvait enfin une direction.

New World apporte un souffle différent : plus mélodique, plus aérien, presque lumineux au début. On croit à une accalmie, mais le morceau se charge progressivement, les guitares montent en intensité et la tension revient comme une vague. C’est l’un des titres les plus riches en nuances, oscillant sans cesse entre espoir fragile et réalité brutale.

L’EP se referme avec Night Terror, un final nerveux et suffocant. La rythmique y devient plus saccadée, les riffs plus distordus, comme une course dans un cauchemar dont on ne maîtrise rien. La voix, tour à tour haletante et déformée, renforce cette sensation d’enfermement. C’est une conclusion qui ne résout rien — volontairement — mais qui prolonge l’atmosphère inquiétante de tout l’EP.

 

Avec Coma, REVNOIR propose un EP dense, sombre et remarquablement cohérent. Entre rage contenue, poésie noire et production millimétrée, le groupe livre un objet sonore profondément intime qui ne cherche jamais la facilité. C’est un disque qui secoue, qui bouscule, qui laisse des traces. On en sort essoufflé, mais étrangement lucide : comme si REVNOIR avait mis des mots et des sons sur nos propres abysses. Une œuvre qui confirme le potentiel du projet et donne envie d’entendre la suite.