God of Angels Trust, VOLBEAT

God of Angels Trust, VOLBEAT

6 juin 2025 0 Par Starlord

 

Avec God Of Angels Trust, Volbeat délaisse ses refrains fédérateurs pour plonger tête la première dans une matière brute, obscure et viscérale. Michael Poulsen, leader du groupe danois, signe ici un album guidé par l’instinct plus que par la raison. Un disque composé dans l’urgence, presque sans filtre, qui convoque la mort, le deuil, la dépression et les cauchemars d’enfant dans une fresque sonore à la fois intime et ténébreuse.

 

Dès l’ouverture, “Devils Are Awake”, le ton est donné. Le diable n’est plus une figure mystique : c’est l’humain lui-même, dans ce qu’il a de plus cruel, de plus corrompu. Poulsen semble désabusé, amer face à un monde où les monstres écrivent les lois, où les faux dieux promettent le paradis tout en enfermant les innocents. Le visuel de la pochette — un enfant paisible, un bouc menaçant — résume cette tension constante entre innocence et menace.

Le disque enchaîne ensuite des morceaux puissants et dérangeants : “By a Monster’s Hand” et “Enlightening the Disorder” forment un diptyque glaçant, presque cinématographique, racontant l’errance sanglante d’un tueur dément qui devient à son tour prisonnier de ses pulsions. Le metal ici flirte avec l’horreur, non sans une forme de critique sociale déguisée.

Mais Volbeat ne s’arrête pas à la violence graphique. “Acid Rain” et “Demonic Depression” abordent le manque et la maladie mentale avec une pudeur rare. Loin de toute glorification, Poulsen évoque le vide laissé par son père, la mélancolie poisseuse du quotidien, les tourments qui rongent lentement sans se montrer. On est loin du metal guerrier : ici, c’est l’homme qui parle, pas le héros.

On retiendra aussi “Time Will Heal”, hymne discret mais poignant à la résilience, et “Better Be Fueled Than Tamed”, déclaration d’intention rageuse où Poulsen semble répondre à son propre père : « Tant que tu vis, sois utile, sois vivant. »

Plus loin, “At the End of the Sirens” vient gratter le vernis morbide avec une touche d’humour noir. La mort y est personnifiée en faucheuse motorisée, presque sympathique, comme si elle faisait partie du décor depuis toujours. Quant à “Lonely Fields”, ballade finale à la beauté nostalgique, elle conclut l’album sur une image d’enfance douce-amère, comme un dernier regard vers les jours d’innocence.

 

Un exorcisme musical

God Of Angels Trust n’est pas un disque de plus dans la discographie de Volbeat : c’est une confession. Une traversée de l’ombre, une main tendue à ceux qui vacillent. Il dérangera sans doute les fans des premiers jours, habitués à un rock plus festif, plus calibré. Mais il touchera droit au cœur celles et ceux qui connaissent les vertiges de la perte, du doute, de l’effondrement intérieur.

Michael Poulsen signe là son œuvre la plus personnelle. Et peut-être la plus essentielle.