Will You Haunt Me, With That Same Patience, BURY TOMORROW

Will You Haunt Me, With That Same Patience, BURY TOMORROW

16 mai 2025 0 Par Nina

Une tempête intérieure canalisée dans un écrin sombre et sincère

 

Avec Will You Haunt Me, With That Same Patience, Bury Tomorrow signe l’un de ses albums les plus émotionnellement chargés et conceptuellement construits à ce jour. Ce huitième effort studio n’est pas simplement une suite logique à The Seventh Sun (2023), mais une profonde introspection sur les ruines laissées par le chaos intérieur, le poids des regrets, et la difficulté de s’en libérer.

 

Une évolution sonore maîtrisée

Là où The Seventh Sun marquait déjà un tournant avec l’arrivée de Tom Prendergast (chant clair/claviers) et Ed Hartwell (guitare rythmique), Will You Haunt Me… confirme cette mue. Le groupe assume pleinement ses envies d’explorer au-delà des frontières du metalcore pur : les ambiances sont plus denses, plus éthérées, parfois même cinématographiques. On retrouve des claviers plus atmosphériques, des interludes instrumentaux presque post-rock, et une alternance voix claire / growl encore plus maîtrisée.

Chaque chanson semble taillée pour explorer un spectre émotionnel bien précis : la rage contenue, la mélancolie, la résignation ou encore la rédemption.

Des textes comme des lettres à soi-même

Le fil rouge de l’album est clairement introspectif. Le titre même, Will You Haunt Me, With That Same Patience, est presque une supplique : est-ce que les souvenirs, les erreurs, les versions passées de soi vont continuer à nous suivre avec cette lenteur cruelle et insistante ? Le fantôme ici n’est pas surnaturel — c’est nous, c’est l’ombre de ce qu’on aurait pu être.
• “Let Go” évoque le moment où l’on réalise que rester attaché à une situation toxique, par habitude ou peur du vide, revient à s’auto-détruire. C’est un cri de rupture intérieure.
• “What If I Burn” pose la question de l’auto-sabotage : si je chute, est-ce que je mérite encore l’amour ou la compassion ?• “Waiting”, plus lente, plus contemplative, parle de la paralysie émotionnelle, cette sensation d’être figé dans une douleur qu’on n’arrive plus à traduire en mots.

Les textes sont viscéraux sans jamais tomber dans la facilité. Il y a de la pudeur, de la rage et de la poésie. Un équilibre difficile à trouver, que Bury Tomorrow maîtrise ici avec une honnêteté désarmante.

Un album conceptuel sans être prétentieux

L’album est construit comme une progression : de la confrontation à ses propres démons, vers une forme de lâcher prise. Ce n’est pas une rédemption hollywoodienne. C’est brut, lent, parfois inconfortable — mais profondément humain. Les transitions entre les morceaux sont travaillées, parfois liées par des samples vocaux ou des motifs musicaux récurrents qui renforcent la sensation de parcours mental.

 

Conclusion

Will You Haunt Me, With That Same Patience est bien plus qu’un simple album de metalcore : c’est une œuvre personnelle, douloureuse et réfléchie. Bury Tomorrow s’éloigne des codes bruts du genre sans en perdre l’énergie, pour proposer une traversée de l’esprit humain en crise. Ce disque ne crie pas pour se faire entendre : il hurle parce qu’il n’a pas le choix.