Unatøned, MACHINE HEAD
25 avril 2025 0 Par Chacha
UNATØNED marque l’arrivée de Reece Scruggs à la guitare et de Matt Alston à la batterie dans la formation de Machine Head.
Enregistré entre juillet 2023 et décembre 2024 à Oakland (Robb’s Jam Room & Sharkbite Studios), il s’agit aussi du plus court de leur discographie, avec 41 minutes réparties sur 12 titres
Dès la pochette, couronne d’épines sur fond rouge incandescent, on devine que Machine Head plonge ici dans un univers de souffrance sublimée. L’image évoque autant la douleur rédemptrice que la colère contenue — une icône de martyre métallique.
Thèmes & atmosphère
Les paroles suivent ce sillon : cicatrices, isolement, rupture avec le passé. “These Scars Won’t Define Us” traduit parfaitement cette esthétique visuelle de chairs meurtries mais en reconstruction. Le final “Scørn”, piano sombre et chant désespéré, est la photographie sonore d’une pièce vide, lumière blafarde, un personnage seul face à ses fantômes. À l’inverse, “Bonescraper” peint une fresque gothique : chants monastiques, cris écorchés et refrain accrocheur, comme une procession religieuse qui dégénère en catharsis.
Un voyage visuel tout au long de l’album (track by track)
Landscape Øf Thørns
Ouverture instrumentale qui plante immédiatement un décor désertique, hérissé de ronces métalliques. On imagine un paysage post-apocalyptique, avec des épines surgissant de la terre brûlée. Le groupe nous prévient : ici, rien ne sera lisse, tout sera rugueux et tranchant.
Atømic Revelatiøns
Explosion immédiate : riffs tranchants, batterie martiale. Visuellement, c’est une ville qui s’effondre sous une lumière atomique, silhouettes figées dans le chaos. On sent déjà la direction “instantanée” de l’album : direct, impactant, comme une bombe visuelle.
These Scars Won’t Define Us
Un hymne à la résilience. On voit un corps couvert de cicatrices, debout sur fond de flammes, refusant de s’effondrer. Les voix multiples (chœurs invités) créent l’effet d’une foule qui hurle à l’unisson, comme une armée de survivants. L’image : une cicatrice qui s’illumine d’or au lieu de saigner.
Unbøund
Énergie libératrice : un individu qui brise ses chaînes, se tenant au sommet d’une falaise. Le riff martelé agit comme le bruit du métal qu’on fracasse. Le visuel est celui d’une cage éclatée, morceaux de fer projetés dans le ciel.
Øutsider
Plus sombre, introspectif. Imagine un personnage solitaire marchant dans une foule grise, invisible aux autres. Les breaks de batterie ressemblent à des flashs lumineux, des éclairs stroboscopiques. L’ambiance est celle d’un clip en noir et blanc, où le héros s’efface progressivement de l’image.
Dustmaker
Interlude étrange, avec voix féminines quasi cyberpunk. L’image : une ville futuriste étouffée dans un brouillard toxique, silhouettes projetées sur les murs par des néons rouges et violets. C’est le moment le plus “visuel” de l’album, presque une pause contemplative au milieu du chaos.
Bønescraper
Mi-rituel païen, mi-célébration macabre. Le chant clair évoque une procession religieuse dans une cathédrale gothique, avant que les cris ne déchirent les vitraux. Le refrain “Love is a loaded gun” transforme l’image en tableau surréaliste : une arme posée sur un autel, entourée de cierges.
Bleeding Me Dry
Une pièce close, étouffante : un personnage enchaîné à des tuyaux qui se vident lentement de son sang. Métaphore de l’addiction, de la relation toxique. Le visuel est rouge sombre, saturé, presque oppressant, comme si la caméra se rapprochait trop près du visage.
Addicted Tø Pain
Vidéo mentale façon “labo clandestin” : fils électriques, seringues, regards hallucinés. La musique est répétitive, industrielle, comme une machine qui pulse sans relâche. L’impression visuelle est celle d’un corps branché à une machine, piégé entre douleur et extase.
Nøt Løng For This Wørld
Sorte de marche funèbre épique. On visualise une armée de guerriers traversant une plaine enneigée, drapeaux en berne. Les chants clairs apportent une lumière froide, presque nordique, comme un ciel crépusculaire. Une peinture héroïque, mais triste.
At The End Of My Rope
Rythme implacable, atmosphère suffocante. L’image est simple et brutale : une corde suspendue dans une pièce sombre, une silhouette hésitante. Mais au lieu de céder, la musique transforme cette tension en force de survie. Un clair-obscur visuel, éclairé par une seule bougie.
Scørn
Final au piano : visuel minimaliste. Une salle vide, un piano poussiéreux au centre, une lumière tombant par une fenêtre brisée. Robb Flynn chante comme s’il était seul face à ses souvenirs. Dernière image : le musicien s’éloigne dans l’ombre, laissant les touches encore vibrer.
Verdict visuel & sonore
Unatøned est une galerie de tableaux sombres : cicatrices incandescentes, chaînes brisées, processions gothiques, paysages dystopiques. Là où d’autres albums de Machine Head étaient des fresques épiques, celui-ci agit comme un film composé de courtes scènes frappantes, condensées en visions fortes.
Thèmes & atmosphère
Les paroles suivent ce sillon : cicatrices, isolement, rupture avec le passé. “These Scars Won’t Define Us” traduit parfaitement cette esthétique visuelle de chairs meurtries mais en reconstruction. Le final “Scørn”, piano sombre et chant désespéré, est la photographie sonore d’une pièce vide, lumière blafarde, un personnage seul face à ses fantômes. À l’inverse, “Bonescraper” peint une fresque gothique : chants monastiques, cris écorchés et refrain accrocheur, comme une procession religieuse qui dégénère en catharsis.
Aspect technique
L’approche compositionnelle est volontairement resserrée : morceaux courts (<4 min), modulation de tonalité quasi cinématographique (on passe du clair-obscur à l’explosion rouge vif), variations systématiques sur les refrains. Les riffs, lourds et anguleux, sont comme des coups de pinceau noirs sur une toile déjà saturée de rouge. La batterie, martiale, évoque une marche inexorable, tandis que les solos fluides de Reece Scruggs apportent des éclats de lumière au milieu de cette masse sombre.
Verdict
Unatøned n’est pas une fresque progressive comme The Blackening, mais une série de vignettes violentes et visuelles, chacune un tableau brut. Machine Head transforme ici les cicatrices intérieures en images sonores : un album court, intense, où chaque morceau fonctionne comme une photographie de douleur sublimée par la rage.