Mid Death Crisis, WEDNESDAY 13

Mid Death Crisis, WEDNESDAY 13

25 avril 2025 0 Par Chacha

 

Derrière un rideau de fumée rouge sang, sous des néons tremblotants en forme de crucifix inversé, surgit Wednesday 13 — maquillage dégoulinant, costard de croque-mort fluo, et sourire carnassier. Mid Death Crisis, son dixième album studio, débarque comme un film de série B qu’on aurait mixé avec un concert de Mötley Crüe dans un cimetière abandonné. C’est sale, c’est exagéré, c’est délicieux.
Ce nouvel opus, produit par Alex Kane et mixé par Steve Evetts, laisse le metal pur de côté pour plonger tête la première dans un bain acide de punk-glam-hard rock, baigné de sueur, de mascara, et d’humour noir. Le Duke of Spook le dit lui-même : “Ce n’est pas un disque metal, c’est un album punk glam rock’n roll — et j’assume chaque minute.”

 

Satan sur patins à roulettes

Dès le premier riff de “There’s No Such Thing As Monsters”, on est happé dans une rave mortuaire où les zombies se battent à coups de guitares à tête de mort. L’ambiance est celle d’un vieux vidéoclub des années 80 : une VHS à moitié effacée où les monstres dansent, les croix brûlent, et les refrains collent comme du faux sang.

Le single “When the Devil Commands” sonne comme un rituel païen joué sur une scène recouverte de chaînes, de bougies et de confettis. Wednesday 13 y recrée la “satanic panic” avec un second degré flamboyant, entre clip MTV et sermon diabolique au fond d’un strip-club gothique.

Un freakshow musical assumé

L’album est un carnaval sonore où chaque morceau est un stand de tir à l’os humain ou une maison hantée à thème :

“Decease and Desist” : ambiance industrielle, riffs coupants comme des scalpels rouillés.

“Xanaxtasy” : pogo frénétique, énergie punk à la Sex Pistols, avec des guitares qui grincent comme des cercueils ouverts à la hache.

“No Apologies” (avec Taime Downe) : duo de morts-vivants glam hurlant leur rage dans une ruelle sombre d’Hollywood Boulevard.

“Decapitation” : virevolte en slow macabre digne d’un bal de promo hanté, entre les Zombies de Cranberries et un générique de film de vampires des années 60.

Et puis viennent les moments de chute — pas de tension, mais de désespoir lucide. “I Hurt You”, “In Misery”, “My Funeral” nous entraînent dans des couloirs plus froids, où Wednesday 13 lâche le masque pour gratter sous le latex. Une morgue musicale, à la fois poétique et désenchantée, où l’on s’imagine errer entre les casiers métalliques d’une vie passée.

Le club des damnés est ouvert

Visuellement, Mid Death Crisis s’écoute comme on regarde un vieux concert filmé sur bande magnétique : tremblant, bruyant, mais électrisant. On y voit des squelettes cligner des yeux, des chauves-souris sortir de cercueils tapissés de velours rose, et Wednesday 13 prêcher l’apocalypse dans une église transformée en club BDSM.

C’est grotesque, glam, goth et complètement décomplexé. Le genre d’album qui donne envie de se maquiller à minuit, de danser sur les tombes, ou d’écrire son testament en rouge à lèvres sur un miroir fêlé.

 

Verdict : Cauchemar stylisé ou fête morbide ?

Ce n’est pas un album pour les puristes du metal technique ni pour les âmes sensibles. C’est un cabaret du chaos, un feu d’artifice de gimmicks horrifiques, d’autodérision punk et de refrains à hurler sous la lune.

Mid Death Crisis ne révolutionne rien — mais il fait un bien fou. Un disque qui sent la naphtaline, la laque, le sang factice et les souvenirs d’Halloween passés. Wednesday 13 prouve qu’on peut vieillir dans le rock’n roll tout en restant un clown triste sur échasses, un showman macabre qui transforme sa crise existentielle en carnaval démoniaque.