Hymns In Dissonance, WHITECHAPEL
7 février 2025 0 Par Fly_HxC
Aujourd’hui, nous allons parler d’un album qui risque de fortement marquer la scène metal extrême en 2025.
Et quand je parle de marquer, ce n’est pas juste un truc dont on va se rappeler lors du bilan annuel, mais bien de quelque chose qui va venir nous percuter de plein fouet, et nous découper à la scie circulaire !
Avant de nous pencher sur ce qui va devenir, sans aucun doute possible, ma plus grosse baffe musicale de l’année, un léger retour en arrière s’impose.
Nous sommes le 11 septembre 2024, et, presque 3 ans après la sortie de KIN en octobre 2021, album ayant reçu un accueil relativement mitigé, notamment par son coté un tantinet “trop mélodique” décrié par leurs fans hardcore, WHITECHAPEL annoncent sur leurs réseaux sociaux la sortie dès le lendemain d’un nouveau morceau.
Seulement, cette annonce n’est pas juste un texte posté au milieu d’un feed Facebook, mais bien une véritable bombe lâchée sur les internets, notamment via l’artwork qui l’accompagne, et surtout, via le retour sur ce dernier du logo originel du groupe.
Dès lors, les spéculations fusent, et le 12 septembre, le groupe débarque avec “A Visceral Reach”, confirmant ainsi ce que tout le monde espérait durant les dernières 24h :
WHITECHAPEL sont de retour dans le dur, dans le brutal, bref, dans le deathcore viscéral et ultra épais qui ont fait leurs succès des années auparavant.
S’ensuit l’annonce en décembre d’une tournée intitulée “Hymns in Dissonance – Tour 2025 ”, puis l’annonce officielle le 1er janvier 2025 de la sortie d’un nouvel album très prochainement.
L’arrivé du 2e single éponyme et tout aussi titanesque “Hymns in Dissonance” le 15 janvier, ainsi que le dévoilement de la date de release (7 mars) et de cet incroyable artwork par le maître absolu du genre, Grindesign, marquent la fin de plusieurs semaines de teasing pour le successeur de KIN.
Mais alors cet album, qu’en est-il réellement ?
Est-il vraiment à l’image des 2 titres déjà dévoilés, et annonce t-il, comme nous avons pu le lire à de nombreuses reprises, un retour aux sources pour WHITECHAPEL ?
La réponse est sans appel, et c’est un énorme OUI que nous allons prendre en pleine face durant les 43 minutes d’écoute de cette masterpiece.
L’album s’ouvre donc sur la ligne de guitare quelque peu inquiétante qui compose l’intro du morceau « Prisoner 666 » , avant qu’une déflagration sonore ne vienne nous percuter de plein fouet dès la 45e seconde, le temps d’une montée en pression que vient clôturer le hurlement de Phil Bozeman, qui viendra définitivement enfoncer le dernier clou du cercueil.
L’instru est ultra lourde, la rythmique est chirurgicale, et le flow du chant est aussi affûté que cette lame de scie qu’ils utilisent depuis tant d’années comme logo, bref, WHITECHAPEL est bel et bien de retour dans la violence !
Techniquement, c’est irréprochable, Brandon Zackey (fraîchement arrivé derrière les fûts) a totalement su trouver sa place au sein du groupe, et contribue à la création de cette section rythmique ultra variée, tantôt sur des passages de blast beats acérés, tantôt sur des parties bien plus lourdes, variations qui rendent le titre très digeste malgré sa longueur (5min de deathcore dans la face, pour certains groupes, ça peut sembler très long, mais pas ici ! )
Le tout est comme toujours ponctué par des solos ultra efficaces et très bien amenés, venant apporter un peu de mélodie à ce rouleau compresseur musical.
Impossible de passer non plus à côté de la performance vocale maîtrisée à la perfection par Phil, qui semble avoir étendu plus que jamais son panel de voix.
Les bases sont posées, et on enchaîne directement avec le single éponyme que nous avons pu découvrir mi-janvier, et qui ne fait que confirmer le retour en force du groupe.
Telle une bête sanguinaire, WHITECHAPEL nous prend à la gorge dès les premières notes, et nous fait clairement comprendre qu’ils ne comptent pas relâcher leur prise.
À noter le break incroyable sur ce titre avec cette invocation qui semble ouvrir toutes les portes des enfers “Natas, eht rehtaf, Ehtab su ni ruflus”, apportant une dimension encore plus angoissante à l’ambiance globale du titre, à l’image du clip de ce dernier.
La fin du morceau sonne quant à lui le coup de grâce pour l’auditeur, avec une partie chant qui met tout le monde d’accord, et qui a inspiré à beaucoup de personnes cette phrase devenue un meme dans l’univers du deathcore: “Will, papa est de retour”, tant la performance rappelle et surpasse celle du mythique chanteur de LORNA SHORE sur leur morceau “To the Hellfire”.
2 titres sont passés, il en reste encore 9, difficile de croire que nous allons réussir à survivre à une telle dose de violence.
Le reste de l’album se déroule toujours dans la noirceur et dans cette espèce de lourdeur oppressante qui caractérise le deathcore du groupe, enchaînant les parties rapides à celles ultra lentes, quasi pachydermique, écrasant tout sur son passage, le tout ponctué d’envolées guitaristiques, et ce n’est ni « Diabolic Slumber », ni « A Viseral Retch » (1er single de cet album) qui viendront dire le contraire.
Juste le temps d’un interlude digne des plus grandes messes noires, nous plongeant encore plus dans les enfers de cet album, avant de reprendre la boucherie avec l’incroyable « Hate Cult Ritual » , venant une fois de plus percuter de plein fouet l’auditeur à base de gros blast beats, faisant de ce morceau un hymne à la brutalité.
Là où THE VALLEY et KIN avaient un but autobiographique sur l’enfance traumatique de Phil Bozeman, HYMNS IN DISSONANCE est un concept album fictif racontant l’histoire d’un sectaire qui cherche à rassembler des personnes qu’il jugera digne de rejoindre son culte maléfique autour d’incantations visant à invoquer les pires démons sur terre.
Le titre met en opposition les Hymnes, qui se veulent de base mélodieux et fédérateur, à la Dissonance, qui en est tout l’inverse.
D’ailleurs les 7 « vrais » derniers morceaux de l’album représentent un hymne pour chacun des péchés capitaux, alors que les 2 premiers sont une introduction à cette histoire.
C’est donc toute cette base de réflexion qui a poussé le groupe à écrire l’album le plus lourd de leur discographie à ce jour, cherchant à créer la musique la plus choquante, menaçante et brutale possible.
Et ce n’est pas « The Abysmal Gospel » et son intro de guitare aux sonorités torturées qui nous feront dire le contraire, sans parler de son espèce de pont ultra chaotique, tout à l’air conçu dans cet album pour terrasser la moindre personne qui oserait l’écouter jusqu’au bout.
Changement d’ambiance sur “Bedlam » qui mise absolument tout sur sa lourdeur, et qui aura automatiquement cet effet physique sur vous de faire avancer votre mâchoire vers l’avant à mesure que votre quotient intellectuel diminue.
« Mammoth God » continue dans cette lignée, et nous rappel un peu ce que nous pouvions retrouver sur THE VALLEY avec cette rythmique très lourde, accompagnée quasiment continuellement d’une mélodie à la guitare, peut être une légère « bulle d’oxygène » juste avant le coup de grâce que nous apporte « Nothing Is Coming for Any of Us ».
Le dernier titre de l’album se veut à l’image du reste de ce dernier, extrêmement sombre, chaotique et brutal, mais poussé à son paroxysme. La toute fin de l’album se conclut à merveille sur une partie bien plus mélodieuse et aérienne, peut être pour finalement inviter l’auditeur à réitérer l’expérience de ce rite initiatique pour ce culte maléfique dont il aura finalement réussi à s’extirper…
En résumé, que dire de cet album, si ce n’est que c’est un véritable concentré de violence, qui ravira à coup sûr les fans de musique extrême, et encore plus ceux qui suivent le groupe depuis leurs débuts.
Un coup de maître marquant un retour aux sources tant attendu par bon nombre d’entre nous, peut être quelque peu motivé par une envie de remettre l’église au milieu du village et de prouver qu’après presque 20 ans d’existence, le groupe mérite toujours autant sa place de monument du deathcore.
En tout cas, je n’ai absolument aucun doute sur le fait qu’il aura sa place dans mon top 2025, et également dans ma collection de vinyle !