Underneath The Sound, DROPDEAD CHAOS

Underneath The Sound, DROPDEAD CHAOS

7 avril 2023 0 Par Leeloo

 

Il y a certains albums dont la critique pourrait presque être rédigée avant même de les avoir écoutés ! Prenons l’histoire de Dropdead Chaos, qui est tout simplement captivante. Ce « collectif » de musiciens aux influences aussi variées qu’un buffet à volonté a progressivement évolué pour devenir un « vrai groupe ». Ils ont réussi à attirer l’attention ces derniers mois, au point que tout amateur de métal, même le plus distrait, a déjà entendu parler d’eux d’une manière ou d’une autre.

Commencer (ou presque) sa carrière au Hellfest (scène Altar) donne un coup de pouce à n’importe quel groupe ! Et pour couronner le tout, la campagne promotionnelle de l’album a été menée avec un enthousiasme débordant par Renato Di Folco, un vocaliste à la polyvalence impressionnante et adoré du public (Les Tambours du Bronx, Trepalium, Flayed…). Il partage avec passion son bonheur de faire partie de DDC. Le producteur HK, du studio Vamacara, est aussi un peu le chef d’orchestre de cette joyeuse bande, réunissant les talents de musiciens issus de groupes aussi variés que Black Bomb A, Smash Hit Combo, Betraying the Martyrs, Sidilarsen, Sirenia et Maladie.

Remontons en 2020, en pleine période de confinement et avec une ambiance sanitaire plutôt morose. Un morceau a été composé et enregistré à distance par quelques artistes, comme pour se dire : « Et si on faisait un peu de bruit pour soutenir les soignants ? » Le guitariste Nils Courbaron, qui est aussi infirmier, a été particulièrement sensible à cette cause.

Au fil des morceaux, la bande a pris goût à l’aventure, et voilà un vrai groupe qui s’est formé, préparé par le grand Maître Steph Buriez, de Loudblast, un peu comme un maestro dans un concert de rock.

Alors, peut-on vraiment rassembler autant de talents et de professionnels reconnus sans obtenir un son de qualité ? Les premiers éléments de réponse sont arrivés en live, au printemps 2022, avec des performances énergiques et des musiciens aussi passionnés qu’un chat devant un rayon de soleil. Personnellement, n’ayant pas réussi à me lever assez tôt pour le Hellfest, c’est au Furiosfest à Saint-Flour que j’ai pu apprécier l’harmonie de ce qui aurait pu sembler chaotique : sept musiciens sur scène, c’est pas banal !

En studio, le résultat est à la hauteur des attentes. La production est impressionnante, avec un son puissant et moderne, et une diversité de styles qui donne le tournis (piano, hip hop, métal lourd, voix variées…). Les chants, véritables moteurs des morceaux, s’expriment sur une large palette, un peu comme un peintre avec sa palette de couleurs.

Dropdead Chaos est doté de deux vocalistes de haute volée. Renato Di Folco, qui a élargi son registre au fil des projets depuis vingt ans, impressionne par sa polyvalence. Je l’ai découvert d’abord dans un style proche de Phil Anselmo avec God Damn, un groupe lyonnais de groove metal, puis dans une interprétation saturée avec Trepalium au Hellfest 2019. Avoir eu la chance de partager la scène avec lui à deux reprises fin 2021 m’a permis de voir son talent en action, que ce soit en classic rock-blues-soul avec Flayed ou comme maître de cérémonie devant les Tambours du Bronx. C’est une voix magnifique, pleine d’émotion, un vrai chanteur et showman.

Déhà, quant à lui, apporte sa touche hip-hop à DDC, que ce soit par ses raps incisifs ou ses sons peu conventionnels dans le métal. C’est d’autant plus surprenant qu’il est généralement associé au black metal, mais il dévoile ici une autre facette de ses talents, comme un magicien qui sort un lapin de son chapeau !

Sur cet album « Underneath The Sound », on trouve deux types de morceaux bien distincts. D’un côté, des titres accrocheurs dans un style néo-metal à la Korn, avec une basse slappée qui fait vibrer, des riffs dynamiques et un refrain qui reste en tête (« Escape ») ; de l’autre, des morceaux plus surprenants et émotionnels, presque artistiques. L’introduction « Underneath The Sound » commence par des incantations vocales presque tribales, à la manière de Zeal & Ardor, avant de se transformer en rap engagé, puis de monter en puissance pour s’éteindre sur un solo de guitare et quelques notes de piano.

« One Last Encore » est très touchant, avec des parties vocales remarquables. « What I’ve Learnt » est un duo rap/chant sans guitare, mais il se distingue par sa personnalité et ses mélodies réussies. L’interlude « Dropdead » mélange des beats hip hop avec un discours rap inspiré des quartiers américains. Enfin, « Rainman » combine un flow rap authentique, livré avec passion (pas de faux semblants ici, loin des imposteurs cachés derrière un auto-tune), sur des riffs puissants et un solo final impressionnant.

Ainsi, Dropdead Chaos nous offre une expérience musicale riche et variée, où chaque morceau est une nouvelle surprise à découvrir !